Alors que la saison 2017-2018 de Jeep Elite va bientôt prendre fin, David Cozette est revenu avec nous sur plusieurs sujets. Le dispositif que SFR Sport va mettre en place pour la fin de cet exercice bien sûr, mais aussi ce qu’il retient de cette saison, ainsi que son avis sur le futur de l’Equipe de France.
Parlons du dispositif de fin de saison de SFR
Parlons Basket : SFR Sport met en place en cette fin de saison un dispositif inédit qui va permettre de donner aux fans un accès gratuit au basket français : j’imagine que c’est avant tout une fierté ?
David Cozette : Oui parce que nous en tant que partenaires de la LNB, ce qu’on veut c’est justement permettre de développer l’audience du basket français. On trouvait que c’était un moyen plutôt malin d’attirer le public amateur de sport, plus que le public amateur de basket qu’on peut imaginer déjà bien équipé pour suivre le feuilleton. On veut montrer que c’est un produit plutôt sympa au moment ou tout se joue, au moment des Playoffs – c’est quand même là qu’ont lieu les matchs les plus excitants. C’est une jolie vitrine qu’on essaye de mettre en avant pour tout le monde.
PB : Du basket français gratuit, à si grosse échelle, symboliquement c’est un message fort envoyé. Au-delà de cette opération, l’offre globale s’est étoffée, des émissions comme « Le Vestiaire » permettent une autre approche et apportent une vraie plus-value à une audience qui se fidélise : les voyants sont au vert non ?
DC : Et bien c’est un travail de tous les jours, et c’est vrai que notre force sur le groupe est d’exister sur plein de médias. Ce n’est pas uniquement la retransmission des matchs sur SFR Sports et c’est tout. Forcément il y a toute une synergie dans l’ensemble groupe quand le basket est largement présent pour mettre en avant les gros événements sur BFM Sports. C’est aussi le cas sur la radio avec RMC avec une émission toutes les semaines. Il y aussi le Super Moscato Show, sûrement la plus grosse émission de sport, qui parle en amont des prochains gros événements, comme le Final Four d’Euroleague, cette dernière journée de Jeep Elite… Donc voilà, tous les supports s’y mettent pour permettre au basket de se développer. Mais c’est sur que ça ne va pas se faire en une seule journée, c’est petit à petit, et l’étape suivante sera sûrement quand le groupe sera le diffuseur exclusif de l’Europa League et de la Champion’s League au foot. Mécaniquement, tous les spectateurs qui viennent au départ pour le foot zapperont entre nos différentes chaines et ce sera à nous de proposer un joli programme séduisant, sexy, attractif. Et quand à la mi-temps de leur match de foot ils tomberont sur un match de Jeep Elite ou d’Euroleague, qu’ils tombent dessus et qu’ils se disent « Waouh c’est pas mal ça ! »
PB : Le développement du basket français donne l’impression d’être un axe prioritaire pour SFR Sport (future RMC Sport) : penses-tu qu’il y a une vraie carte à jouer, un engouement pour le basket ? On voit par exemple que le All-Star Game fait salle comble, que de bons joueurs viennent en Jeep Elite… Il y a des raisons d’espérer un véritable essor non ?
DC : Oui ! Justement, je trouve qu’il y a une vision qui est un peu biaisée du basket français/européen. C’est à dire que ceux qui ne connaissent pas, qui ne sont pas au courant, qui vont juste avoir en tête une image idéalisée de la NBA vont se dire « Oulala, la NBA c’est extraordinaire », et quelque part ça ringardise le basket français/européen, alors que c’est une vision complètement fausse. Le basket français se porte très bien dans les villes ou il est déjà implanté, que les gros événements sont vraiment devenus des belles marques, que le All-Star Game fait guichets fermés depuis que ça se passe à Bercy il me semble, la Leaders Cup qui est aussi devenu un très bel événement… Donc nous notre boulot justement c’est de montrer que les salles sont de plus en plus jolies, que les joueurs sont spectaculaires, que le feuilleton est plutôt excitant avec plein de surprises en permanence, de montrer ça et d’attirer ceux qui aiment bien le sport mais qui ne connaissent pas encore du tout le milieu. Oui en France aussi il y a des alley-oops, oui il y du show, des belles salles… Mais encore une fois, ça ne se fait pas en une journée…
PB : À titre personnel, voilà plus d’un an et demi que tu es passé à SFR Sport. Le projet est-il conforme à ce que tu en attendais ? A-t-il peut-être même dépassé tes attentes ?
Il est exactement conforme à ce que j’imaginais. L’offre n’a jamais été aussi riche. Jamais il n’y a eu trois matchs par journée de championnat. Là on a en plus récupéré l’Euroleague et l’Eurocup, on a le plus gros championnat au monde – après la NBA bien sur, il faut rester lucide – mais ça reste un championnat qui est d’un niveau exceptionnel. Et puis on a la chance d’avoir énormément de Français, quelques-uns qui vont jouer les quarts de finale, plus d’une douzaine qui ont joué la saison régulière… Même si il n’y a plus de clubs français, on arrive à raconter des histoires qui font que même le téléspectateur français peut s’identifier à tout ça.
Et puis la bonne nouvelle c’est de savoir que l’ASVEL d’ici un peu plus d’un an va rejoindre l’Euroleague, avec une politique axée justement sur la formation des jeunes joueurs de talents français. Donc tout ça, ce sont quand même des signaux très très positifs.
En terme de qualité c’est sympa car on a des joueurs français et un club français qui jouent en Euroleague, et puis en terme de quantité, c’est fou. On est en train petit à petit de faire les comptes, mais je crois qu’on va finir la saison avec plus de 300 matchs diffusés, quasiment une moyenne de 1 match par jour !
Parlons de cette fin de saison
PB : Il ne reste que 5 journées et Monaco semble se diriger vers une nouvelle première place, la troisième de suite. Est-ce enfin la bonne année pour remporter le titre ?
DC : Ils ont vraiment l’air au dessus. Strasbourg ces derniers temps semble un peu moins solide. Mais les autres années aussi ils impressionnaient tout le monde. L’année dernière ils avaient un effectif Euroleague et ça ne les a pas empêché de chuter.
Moi de toute façon je ne fais jamais de pari sportif et c’est sûrement pas la dessus que je vais commencer car il y a tellement de surprises… Je ne sais plus la dernière fois que le premier à terminé champion de France… Oui, aujourd’hui je suis tenté de dire, et je pense que je ne suis pas le seul, que je ne vois pas qui peut prendre le titre à Monaco. Sauf que chaque année on a une équipe qui domine, on se dit que c’est pour elle, et au final c’est rarement le cas. C’est aussi pour ça qu’on adore ça.
PB : Et si tu devais choisir une équipe autre que Monaco pour succéder à Chalon ?
DC : C’est assez basique. C’est mon coté rationnel. On peut imaginer que derrière Monaco c’est Strasbourg, c’est quand même l’équipe qui a montré le plus de choses, a été la plus impressionnante, qui a un effectif assez énorme avec jusqu’au bout du banc de vrais talents. Mais est ce que pour autant ça leur donne une place acquise en finale ? La réponse est clairement non.
On sait qu’en Playoffs, les équipe dites « surprises » finissent au bout d’un moment par souffrir. Avec l’enchainement des matchs, arrivé en demi-finale avec 5 manches, ça devient compliqué. On peut imaginer qu’une équipe comme Dijon par exemple, qui fait une saison absolument extraordinaire, si ils passent les quarts, en demi-finale au meilleur des 5 manches c’est là que ça peut devenir compliqué si tu n’as pas l’effectif avec 10 joueurs de très très haut niveau, des grosses rotations etc… Mais d’un autre coté, l’équipe de Chalon l’année dernière est le contre-exemple puisqu’elle a été épargnée par les blessures et qu’elle a pu être championne avec un trio hors-normes et des joueurs qui sont sortis de l’ombre pour être exceptionnels comme Jérémie Nzeulie ou encore Axel Bouteille. Donc ma théorie a volé en éclat l’année dernière !
Et puis je n’oublie pas Villeurbanne aussi, chaque année on a l’impression de revivre la même chose avec eux. Chaque année ils ont un effectif incroyable, leur saison régulière est moyenne et pourtant, personne ne va vouloir les prendre en quarts ou même plus tard, parce que ils peuvent eux aussi aller jusqu’au bout.
PB : Justement, tu me parles de Dijon, il y a une autre équipe qui impressionne cette année c’est Bourg. Est-ce que tu penses qu’une saison à la Nanterre en 2013 c’est possible ?
DC : Alors, si Zach Peacock ne revient pas, j’ai du mal à l’imaginer. Si Zach Peacock revient, pourquoi pas. Maintenant on voit aussi qu’il se sont bien renforcés, donc comme Dijon, ce sont des équipes avec quelques talents forts, et si après on va vers la fin du banc on se rend compte que ce n’est pas le même niveau de compétitivité que Monaco ou Strasbourg, et que donc sur la durée d’une série de Playoffs, au bout d’un moment ça deviendrait compliqué. Après, comme on le disait, si Chalon l’a fait l’année dernière, pourquoi Bourg ne le ferait pas ?
PB : En parlant de Chalon, l’équipe a réalisé une première partie de saison vraiment pas belle à voir, et une phase retour incroyable. Qu’est ce qui a changé ?
DC : Jean-Denis Choulet le reconnait lui même assez honnêtement, lui qui a fait longtemps figure de meilleur coach en recrutement en Pro A, là il s’est complètement planté, notamment sur le poste de meneur. Et quand tu te trompes sur le poste de meneur, sur une équipe qui n’est pas comme Monaco ou Strasbourg, que tu n’as pas plusieurs meneurs très forts, c’est plus compliqué. À Chalon t’as un bon meneur, et derrière t’as d’autres meneurs, un Français qui est loin d’être mauvais, mais ça n’est pas la même qualité. Tu dois avoir un meneur très fort capable de jouer 30 minutes, sans ça c’est difficile. C’est lui qui te met tout en place et quand il n’est pas là, ça devient un poulet sans tête, et c’est ce qui est arrivé à Chalon. À partir du moment ou ils ont trouvé un meneur fort, même très très fort (Walters) ça a complètement changé le paysage. Et au delà du fait que lui est très fort, il a remis toute l’équipe à son vrai niveau. Voilà comment on passe d’une saison toute noire à une saison où l’on devient irrésistible. C’est lié au poste de meneur de jeu. Si il avait eu une galère sur un autre poste, ça ce serait moins vu.
PB : On parlait de l’Asvel tout à l’heure, actuellement 6ème. Sous la présidence de Tony Parker, l’équipe n’a jamais atteint le Top 4 (5e, 5e et 8e lors des 3 saisons précédentes). Malgré son titre, peut-on parler de déception ? Doit-on en attendre plus venant de ce club ou devons-nous être en patient ?
DC : J’ai pas d’avis tranché là dessus. C’est vrai que c’est un bilan mitigé parce qu’on pourrait dire que c’est un échec avec à chaque fois des gros effectifs en saison régulière de ne pas dominer, mais d’un autre coté, ils ont été champions de France, et c’est quand même ça qu’on retient au final. Il y en a d’autres qui avec des gros budgets bataillent pendant des années et ne l’emportent jamais, donc il ne faut quand même pas leur enlever le crédit. Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’on est plusieurs à s’interroger sur le management. Quand on voit certains joueurs qui prennent des libertés et que quand Tony Parker arrive pour les Playoffs, tout le monde est au garde à vous, qu’il arrive à transmettre sa rage de vaincre, son coté de compétiteur et que les gars vont au titre de champion, on se demande ce que ça donnerait si Tony était toute la saison à l’Astroballe pour mettre la pression aux joueurs. On sait comment ils fonctionnent, ils ont ce respect-là du joueur qui a une carrière incroyable, et Tony a juste à débarquer pour que tout le monde soit transcendé. Je ne suis pas sur qu’ils le soient tous toute l’année.
PB : Est-ce que tu penses comme d’autres, que le fait d’avoir mis son frère aux manettes c’était risqué ?
DC : Je ne crois pas. Que TJ soit un jeune coach, il n’y a pas de doute là dessus, mais il essaie. On l’ a vu sur des matchs, il a tenté des coups, il a tenté des défense combinées, commencé des matchs en défendant en zone etc… Il a au moins le mérite d’essayer, de chercher des solutions. Il y a des coachs qui restent toujours dans le même schéma et qui ne tentent rien, qui n’ont pas cette audace, de peur de se faire sanctionner sur le terrain, donc ça je pense que les joueurs doivent l’apprécier et lui donner crédit pour ça. Ce n’est pas comme si TJ avant c’était l’intendant ou le kiné et qu’on le mettait à ce poste, c’est quand même quelqu’un qui était assistant pendant pas mal d’années, qui a grandi, qui s’est construit auprés d’autres coachs et qui a énormément appris. Pour moi c’est normal de lui donner sa chance en oubliant qu’il a le nom Parker, comme si c’était n’importe quel autre assistant qui devait passer coach. Pourquoi on a pas ce débat dans ce cas-là avec Julien Mahé qui était l’assistant de Christian Monschau et qui est passé coach à au BCM (Gravelines Dunkerque) ?
PB : Bien sûr, mais dans la tête des gens, beaucoup disent qu’il est là parce que c’est le frangin… Je ne dis pas que c’est ce que nous on pense, mais pour beaucoup c’est le cas et on doit aussi en parler.
DC : Oui oui bien sûr, mais sous prétexte qu’il s’appelle Parker on ne devrait pas lui laisser sa chance ? Lui il n’a rien demandé pour être le frère de Tony. Un coach se fait virer, il n’y a pas grand monde sur le marché, on donne le poste à l’assistant, et ça on l’a vu un million de fois, au basket comme dans plein d’autres sports, et il n’y a pas de raison que TJ n’ai pas le droit juste parce que il s’appelle Parker, ce serait terrible.
PB : Revenons sur Strasbourg (actuellement 3eme) qui va affronter 4 équipes du Top 8 avant la fin de saison. Est-ce le meilleur moyen pour préparer la campagne de Playoffs ?
DC : On va être fixés. On va savoir si après trois défaites consécutives ils sont à nouveau intenses, durs à jouer pour les autres et s’ils retrouvent également l’alchimie qui était la leur et qui était apparement un petit peu chamboulée ces derniers temps. Evidemment c’est un parfait mètre étalon avant d’attaquer les Playoffs. Si ils avaient des matchs « faciles » contre des équipes qui ne jouent plus rien ou de deuxième partie de tableau, ça aurait pu être des matchs en faux semblant. Alors que là, en jouant des gros, si ils s’imposent, ça voudra dire qu’on a retrouvé le vrai Strasbourg et ça leur donnera de la confiance avant d’attaquer les Playoffs.
PB : De la 4ème à la 12ème place c’est très serré avec notamment 5 équipes qui possèdent le même bilan (16-13). Cela annonce une fin de saison intense. De plus, Il y a quelques confrontations directes : CSP vs Nanterre, BCM vs Nanterre, CSP vs Asvel, Chalon vs Levallois, Nanterre vs Levallois. Vois-tu des équipes mieux armées que d’autres pour y arriver ?
DC : Je ne sais pas. Limoges a plus de matchs à domicile qu’à l’extérieur et quand on sait comme ça pousse à Beaublanc on peut se dire que c’est plutôt un signe positif pour eux.
On sait aussi qu’à Nanterre c’est compliqué avec le problème Alade Aminu et que Pascal Donnadieu est embêté car il sait que sur un match ça peut passer, mais sur la durée Nanterre peut se retrouver en péril. Mais dans un sens l’avoir mis sur le coté ça peut aussi donné un surplus d’énergie et un élan de solidarité à tout le monde.
Et puis la vérité d’un jour c’est pas celle du lendemain. Il suffit que dans l’une de ces équipes-là il y ait un joueur majeur qui se blesse et derrière c’est plus du tout la même dynamique… C’est difficile de faire des projections, même si des fois on peut avoir des tendances sur la forme du moment, mais il faut toujours faire attention à ce qu’on dit car après quand on se réécoute on a l’air bien malin si tout a changé (rires).
PB : Quel joueur aura marqué la saison de Jeep Elite ? Gerald Robinson, DJ Stephens, Zachery
Peacock… ?
DC : Ouais DJ Stephens quand même ! Même si c’est pas un joueur dominant, sur certaines séquences, c’est comme Marine Johannes chez les filles. Elle te fait aimer le basket féminin, et bah lui c’est pareil. C’est le genre de gars qui te fait aimer le basket. J’ai envie d’inviter tous les gens qui ne connaissent pas le basket français et européen et qui pensent que la NBA c’est fantastique et le basket européen nul à venir le voir jouer au Mans, et ils changeront rapidement d’avis. Donc oui si il y en a un qui est vraiment une promo vivante pour le basket français c’est bien lui.
PB : Pour toi, qui est le prétendant au titre de MVP de la saison ?
DC : Je n’ai pas trop le droit de me prononcer, je le garde pour moi. J’allais justement m’y mettre cet après midi car je dois rendre ma copie pour demain et j’hésite encore pour le coup. Ce qu’il y a de sûr, c’est que je n’imagine pas que ce soit quelqu’un d’autre que Zach Peacock, Robinson ou Louis Labeyrie. Après dans quel ordre, je ne sais pas.
PB : Le meilleur jeune ?
DC : C’est compliqué car il n’y a pas tant de jeunes que ça… Par exemple Elie Okobo ne fait plus partie des joueurs jeunes, de ce que j’ai entendu. Donc il faut que je regarde, j’ai pas encore regardé qui était vraiment éligible dans cette catégorie-là, je ne voudrais pas dire de bêtises et oublier qui que ce soit.
PB : Le meilleur entraineur ?
DC : Là encore j’ai pas d’avis définitif, mais pour moi ce sera soit l’entraineur de l’équipe qui a archi-dominé la saison, donc tu vois a peu près de qui je parle, soit l’entraîneur qui a amené son équipe a une place totalement inespérée.
Parlons plus global
PB : L’arrivée de Boris Diaw a été une bonne opération médiatique pour la ligue. Tu penses que dans les années à venir (et peut-être plus vite que lui-même l’avait envisagé) on peut voir Tony Parker revenir finir sa carrière en Jeep Elite ? Et l’espères-tu, à la fois comme commentateur et comme fan de basket ?
DC : Alors déjà quand j’ai parlé de DJ Stephens j’aurais aussi pu parler de Boris aussi en disant que c’est une pub vivante pour notre Ligue. C’est quand même une bénédiction que de l’avoir pendant une saison. Je suis un peu inquiet car je ne suis pas convaincu qu’il aura la foi pour faire une deuxième saison. J’en rêve toutes les nuits hein, mais ça me parait difficile.
Après d’autres joueurs, on ne sait pas. On sait que Tony doit renégocier un nouveau contrat aux Spurs, si il y arrive c’est évident que c’est une priorité, et c’est aussi évident que si il boucle ses 20 ans aux Spurs il n’aura qu’une envie de profiter de sa famille. Et puis il sera aussi bien fatigué je pense.
Est-ce que d’autres joueurs peuvent revenir ? Nous en tout cas on le souhaite. Le championnat est ainsi fait que des jeunes joueurs cartonnent, et nous notre rôle c’est de les faire découvrir aux gens et de les faire profiter avant qu’ils partent. Mais on a aussi le chemin inverse avec des joueurs partis en NBA et qui peuvent revenir pour se faire plaisir. Mais je ne suis pas certain que Tony soit dans cette optique, pour le coup.
PB : Beaucoup de nos lecteurs te connaissent comme la voix de l’Equipe de France. Tu connais pas mal de joueurs aussi, tu y es attaché. Es-tu optimiste pour le futur de cette équipe, actuellement en phase de transition et reconstruction ?
DC : Oui et non. Non à cause du nouvel ordre mondial chaotique qui règne sur le basket international, avec les fenêtres etc… c’est quand même assez compliqué. Et oui pour quelque chose de complètement différent : je pense que la nouvelle génération des Batum, Fournier etc… a payé pour apprendre, en championnat d’Europe notamment. Ce que la génération Parker a pris dans la tête au début, avec plusieurs échecs avant de se mettre a gagner, et bien là c’est pareil. On peut penser que tout est par terre et qu’on doit tout reconstruire à zéro, mais je ne crois pas. En tous cas ce n’est pas en voulant jouer pour soi et en faisant les beaux qu’on va réussir. On espère que ces gars-là vont se bouger et garder en tête que le plus haut niveau, même si on a beaucoup de talent, à partir de moment ou on ne défend pas ça ne marche jamais. Je pense que là ils ont payé pour apprendre et si ils sont intelligents, et je pense qu’ils le sont, il devraient repartir vers des médailles, ils ont le talent pour ça. Après c’est des questions de volonté, de jouer ensemble et de se dépouiller pour l’autre.
PB : Tu me parles de défense, la transition est toute trouvée. Frank Ntilikina a fait une bonne première saison. Même hors du terrain, il est loué pour sa maturité et son intelligence. C’est quelque chose que tu avais cerné lors de son passage à Strasbourg ? Jusqu’où le vois-tu aller ?
DC : Où est-ce que je le vois aller ? Je ne suis pas assez technicien basket pour en parler. Mais tout ce que je peux te dire c’est que oui je l’ai vu, mais ça même un aveugle aurait pu le voir, le gamin état clairement mature à 16 ans. Et on l’a vu grandir. En discutant avec Vincent Collet qui l’a vu débarquer tout jeune et qui nous en parlait, on voyait bien qu’il était hyper mature, très très bien entouré, posé et qu’il avait une forme d’intelligence hors-norme plus que des qualités physiques extraordinaires. Même si il a des longs bras, qu’il est très grand etc… Ce n’est pas comme Parker quand il est arrivé au Racing. A l’époque on voyait tous sa capacité à scorer, sa rapidité, et c’est forcément plus spectaculaire que Frank. Le talent précoce de Tony était plus sur le coté offensif, et celui de Frank c’est que à 17 ans il jouait déjà comme un gars de 24 ou 25 ans quoi.
PB : Et pour finir en beauté, quel est ton meilleur souvenir de basket ?
DC : Alors plus encore que la finale de 2013, plus encore que la demi-finale face à l’Espagne quand il perdent à la mi-temps et qu’ils reviennent, je crois que c’est le quart de finale face à l’Espagne lors de la Coupe du Monde 2014.
PB : Et pourquoi ?
DC : Parce que c’est un match que l’équipe de France ne doit jamais gagner. Déjà parce qu’ils sont juste amputés de Tony Parker et de Nando De Colo, que l’Espagne joue à domicile et est programée pour jouer la finale, voire peut-être même la gagner face aux USA, et qui a démoli tous ses adversaires de 25 points en moyenne pour schématiser lors du premier tour. C’était un match qui était ingagnable, vraiment, et que les Français ont gagné. Et en plus, pour rajouter un peu de piment, chez eux, dans leur salle, devant leur public. Dans ce contexte-là, de réussir ça, c’était un rêve de commentateur.
Toute l’équipe remercie David Cozette d’avoir pris le temps de répondre à nos questions.
(Interview réalisée le lundi 24 avril 2018 par téléphone)