Après avoir à nouveau laissé échapper un match qui leur tendait les bras à Golden State (110-107 après avoir mené de 8 points dans le quatrième quart-temps), les Spurs se retrouvent à 1,5 match seulement de la 8ème place de la conférence Ouest. Et forcément, certains débats (voire même tensions ?) commencent à apparaître dans le vestiaire des Texans…
Fort Alamo n’est plus imprenable. Oubliée, l’époque pas si lointaine où les hommes de Gregg Popovich arrivaient au printemps avec 60 victoires et le plein de confiance dans leurs bagages. Dans cet exercice 2017-2018 marqué par la blessure et l’imbroglio autour de Kawhi Leonard, les Spurs peinent. Ils sont surtout pénalisés par leur incapacité à plier les matchs dans le dernier quart, ce qui était autrefois leur spécialité. Tony Parker confirme :
« C’était ma phrase préférée à entendre. Les gens nous disaient : « On vous a presque battus ! » Ouais presque, mais vous l’avez pas fait »
En ce temps-là, Tim Duncan était encore sur le terrain, et Manu Ginobili et Tony Parker un peu plus en cannes. En ce temps-là, le Big Three le plus victorieux de l’histoire de la ligue était redouté des adversaires. En ce temps-là, la pression artérielle d’un Gregg Popovich confortablement installé dans son siège ne fluctuait même pas. Mais ce temps-là, il est désormais révolu.
« Il y a eu tant de fois où dans le quatrième quart-temps, on avait pas besoin de parler. On avait trois ou quatre systèmes qu’on connaissait par cœur. On avait juste à se regarder, et ça finissait sur un panier facile qui pliait le match », explique Tony Parker. « Maintenant c’est différent, parce qu’on a beaucoup de nouveaux gars qui jouent beaucoup de minutes ensemble. Des matchs où on est à +10 et qu’on doit gagner, on les perd. Les équipes en face reviennent parce qu’on ne sait pas ce qu’on fait en attaque et en défense. C’est la vérité. Il faut trouver une solution »
Danny Green, un autre taulier en terme d’ancienneté (7ème saison aux Spurs déjà pour lui), n’avait aucun mal à admettre après la partie que certains joueurs ne savent pas ce qu’ils font sur le parquet.
« On est pas forcément sur la même longueur d’ondes. Certains connaissent les systèmes, d’autres non »
Des phrases très inhabituelles à entendre du côté de San Antonio, et qui posent forcément la question du rôle de Gregg Popovich dans ces difficultés. Le technicien a été l’auteur de décisions qui ont surpris les fans des Spurs, dont deux sortent du lot : son obsession à faire jouer un Patty Mills auteur d’une saison très décevante, même dans le money time, et sa tendance à laisser Tony Parker sur le banc en fin de match alors que Dejounte Murray peine parfois en quatrième quart-temps. Face à Memphis, TP avait terminé la partie, fait très rare cette saison, et en avait profité pour scorer 8 points de suite dans le clutch et plier l’affaire. Face aux Warriors, il a regardé ses coéquipiers s’effondrer depuis le banc de touche alors que Dejounte Murray et Patty Mills étaient aux affaires sur la ligne arrière. Faire acquérir de l’expérience à DJ et aux jeunes oui, mais au prix de défaites dans une situation si périlleuse ? Gregg Popovich reste pourtant droit dans ses bottes :
« Il nous manque des habitudes, dont celle de se tenir à ce que l’on veut faire. Cette année, on a passé beaucoup plus de temps à parler aux joueurs avant et après les entrainements, à la mi-temps, à leur montrer des vidéos, des exemples, parce qu’ils ne les connaissent pas. Ils n’ont pas joué beaucoup ensemble »
Depuis le 1er février, les Spurs ont un différentiel de -31 dans les 5 dernières minutes de matchs serrés, le deuxième pire bilan de la ligue à ce niveau. Cette tendance doit vite s’inverser, sans quoi les choses pourraient vite mal tourner pour la franchise.
« On doit mûrir, et le plus vite possible, sinon ça va mal se passer pour nous ». C’est le mot de la fin de Danny Green, que ses coéquipiers seraient bien inspirés de mettre en application. Entre leurs difficultés et le fameux cas Leonard toujours en suspens, ce n’est décidément pas une saison de tout repos pour les Spurs…