Ex-joueur de St John’s University et de Philadelphie en G-League, Rysheed Jordan avait tout pour réussir. Mais aujourd’hui, celui qu’on surnommait autre fois « Le Prince de Philly » est au fond du trou…
EDIT :
Le procès a finalement été reporté au 6 décembre après le désistement de l’avocat de la défense, impayé par la famille Jordan. Nous vous tiendrons au courant du verdict une fois celui-ci prononcé.
Rysheed Jordan est comme des millions de jeunes issus des quartiers défavorisés des Etats-Unis. Né dans les très chauds quartiers nord de Philadelphie, il est l’ainé d’une fratrie de 6 enfants qui a grandi sans père. Sa différence ? Un talent pour le basketball. Très jeune, Rysheed se distingue par ses qualités et son mental. Dans une enfance marquée par le chaos, où les règlements de compte et les morts font partie intégrante de son quotidien, Jordan se donne la possibilité de croire en son rêve de basket. Seul « homme » de la maison, il se fait un point d’honneur à aider sa jeune famille. Au lycée, lorsqu’il finit les cours à 15h30, il se précipite pour récupérer ses frères, les ramener à la maison, leur faire un goûter, puis repart en courant à l’entrainement de 16h30. Rysheed finit par intégrer St John’s University, et s’y épanouit. Meilleur passeur de l’équipe, deuxième meilleur marqueur, le joueur prend part à des matchs télévisés, joue au Madison Square Garden, et gagne son surnom de « Prince de Philly ». On lui prédit alors une place d’honneur à la Draft NBA. Certains scouting reports le placent même devant Joel Embiid et Zach Lavine…
Jordan manque finalement la draft pour des raisons administratives, mais il n’entend pas renoncer à son rêve. Il signe pour les 87ers de Philadelphie en G-League et y dispute une dizaine de matchs. Libéré, il se retrouve dans le creux de la vague, et va se rendre coupable d’un mauvais choix. Alors qu’il traine dans son quartier d’enfance avec des amis, un groupe de jeunes l’approche pour lui proposer de la marijuana. L’échange dégénère. Les hommes prennent la fuite, et Rysheed sort une arme à feu, tire, et touche l’un d’entre eux au bras. Quelques jours plus tard, il grille un feu rouge et refuse de se rendre à la police. Après une course poursuite, il est finalement arrêté puis emprisonné. Les accusations qui pèsent contre lui ? Possession d’arme, délit de fuite, et tentative de meurtre. Entre autres. Une caution de 900.000 dollars est définie. Son avocat tente de la réduire, mais le juge refuse, arguant que Jordan est un « danger pour la communauté et a déjà prouvé qu’il est capable de fuir la loi ». La caution n’a jamais été payée, et l’ancien espoir du basket croupit en prison depuis plus d’un an.
« C’est difficile ici. Tu ne peux faire confiance à personne. L’autre jour, un type s’est fait poignarder dans le cou sous mes yeux »
Parmi ses co-détenus, des meurtriers, des violeurs, des membres de gangs… Sa seule satisfaction est d’avoir trouvé un travail qui lui correspond au sein de la prison. Chaque jour, il nettoie la salle de gym, et peut s’adonner à un peu d’exercice s’il arrive à finir sa tâche en avance.
Pour ne rien arranger, sa mère est gravement malade, et il ne peut avoir que de rares nouvelles de son état de santé. Pour défendre son fils, elle a écrit au juge et explique sa démarche :
« Je demande au juge de lui mettre la pression, de le faire sortir pour être libre et devenir ce joueur de basket superbe, pas pour faire le caïd dans les rues. C’est ce que je demande, un ultimatum. Et qu’il parte d’ici. Il n’y a rien pour lui à Philadelphie. Tellement de violence, de morts. Il faut qu’il fasse quelque chose de sa vie »
Rysheed vit mal la prison. « Chaque jour est déprimant », explique-t-il, ajoutant que ne pas avoir de nouvelles de sa mère est ce qui lui pèse le plus. Comme beaucoup, il pense finalement avoir été prisonnier de son quartier. « T’échappes pas à North Philly », se lamente-t-il..
Le 20 septembre, le procès de Rysheed Jordan s’ouvrira. L’ancien « Prince de Philly » devenu détenu anonyme encourra plusieurs décennies derrière les barreaux. Si par miracle il s’en sort, Rysheed le promet, il ira « loin, très loin d’ici », pour tout recommencer et se redonner une chance de faire ce qu’il aime. Aura-t-il droit à une seconde chance ? La mérite-t-il ? C’est toute la question qui devra être tranchée lors du procès…