Par Guillaume Kagni | Journaliste sportif
10ème du Tour de France en 2011, Pierre Rolland a été un coureur majeur dans le cyclisme français. Aujourd’hui à la retraite, il suit attentivement les exploits du monstre Tadej Pogačar, et il vient de livrer son avis chez nos confrères de First Team.
Le monde du cyclisme est en train de vivre quelque chose d’assez unique et la période actuelle divise les fans. Car ce que réalise Tadej Pogačar sur les grands Tours et sur les classiques est absolument historique, mais chacune de ses prestations est plongée dans l’ombre du doute. Comment ne pas s’interroger quand il dépose les meilleurs coureurs du monde sans se lever de la selle ?
Kinda sad for one of the biggest races in our sport 💀
— Inside Out (@InsideOut2912) April 27, 2025
UAE didn’t have to control the race, didn’t do a lead-out, and Pogacar didn’t really try to create separation and still wins 👍🏽
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Pierre Rolland parle de la domination de Pogačar
Sans forcer, sans vouloir créer de la séparation avec ses concurrents, et dans une course qui n’a même pas été dominée par son équipe, le prodige slovène s’est offert le légendaire Liège-Bastogne-Liège ce weekend. Si certains sont persuadés qu’il tombera un jour pour dopage, Pierre Rolland, ancien nom important du cyclisme français, a parlé de la domination du triple vainqueur du Tour de France :
Quand Tadej Pogačar démarre à 50, 60 ou 90 kilomètres de l’arrivée, comme il a pu le faire dans certaines grandes courses, il tue le sport. Quand les chaines de télé prennent l’antenne, il est déjà seul en tête de course. Tu ne peux plus passer la moindre interview de ses concurrents, les présentateurs doivent meubler le direct. C’est chiant. Après, il n’est pas infaillible.
On connait sa stratégie et celle de son équipe. Ils roulent à fond, ils essorent le peloton, et Pogačar démarre quand tout le monde a envie de souffler. Après, quand tu as des rouleurs qui se servent de leurs qualités pour le rejoindre petit à petit, il peut être concurrencé. Quand il a des adversaires, c’est parfait. Quand il est seul sur sa planète, on l’aime moins.
Pierre Rolland, devenu consultant sur certaines courses, n’apprécie que moyennement la domination de Tadej Pogačar ces dernières années. Pas forcément parce qu’il le soupçonne du pire, mais surtout parce qu’il dénature le produit télévisuel en écrasant la concurrence trop tôt. Espérons tout de même qu’il soit clean, le cyclisme pourrait ne pas s’en remettre.
Tadej Pogačar est en train d’écrire l’histoire de son sport, et rares sont ceux qui peuvent réellement le concurrencer. Pour Pierre Rolland, qui a participé à plusieurs Tours de France, ce n’est pas forcément une bonne chose pour le spectacle.