Par Joël Pütz | Journaliste sportif
Superstar des poids mouches à l’UFC, Manon Fiorot est l’une des vitrines du MMA français depuis quelques mois. Une situation exceptionnelle pour la Niçoise qui a d’ailleurs évoqué son statut de femme au sein de la discipline, dans une entrevue.
On y est presque. Le 10 mai, Manon Fiorot aura l’occasion d’écrire l’histoire du sport français à l’UFC 315. Opposée à la tenante du titre Valentina Shevchenko, la star des poids mouches peut en effet devenir championne incontestée au sein de la plus grande organisation de MMA au monde. Pour rappel, aucun autre combattant tricolore n’a su réaliser pareil exploit, Ciryl Gane n’ayant été « que » champion intérimaire.
Ce serait d’autant plus symbolique que ce soit une femme qui y parvienne. Si le MMA a longtemps été très mal vu et même illégal en France quel que soit le genre, cela reste toujours assez compliqué pour la branche féminine. Interviewée par Brut dernièrement, Fiorot avait d’ailleurs sauté sur l’occasion pour aborder très honnêtement le sujet :
Manon Fiorot s’exprime sur l’évolution du MMA féminin
Quand on est une femme dans un sport d’hommes… On est obligé d’en faire plus, de prouver davantage. Moi, je prends ça comme une motivation : ça m’aide vraiment à me dépasser. Je sais que je n’ai pas droit à l’erreur. Je fais tout mon possible pour donner le meilleur de moi-même. (…) Au début, comme nous n’avions pas encore fait nos preuves, on nous demandait toujours : Qu’est-ce qu’elle vient faire là-dedans ?
La plupart du temps, je m’entraîne avec des hommes… Ce sont des hommes, et on sait qu’ils ont plus de force. Surtout ceux qui sont entraînés en MMA. Pour une femme, c’est formateur parce que c’est forcément plus dur à l’entraînement. Tous les jours, tu sais qu’il y a des gens plus forts que toi, donc tu n’as pas le choix : il faut y aller. Avec le temps, et grâce à la notoriété, je reçois moins de critiques.
La Niçois savoure également son rôle de modèle à suivre auprès de la gente féminine :
Ça me fait plaisir. C’est ce que j’aime le plus : les voir s’entraîner et vouloir en faire autant, c’est vraiment gratifiant. Il y a de plus en plus de filles à la salle qui pratiquent le MMA. Si je peux, je leur donne des conseils…
Les filles sont souvent plus agressives que les garçons, et on voit qu’elles en veulent vraiment. Je pense que c’est bien qu’elles choisissent un sport de combat, surtout pour la confiance en soi. De plus en plus de clubs proposent des sections féminines, c’est peut-être plus confortable pour s’entraîner entre filles. Et on n’est pas obligées de recevoir des coups : on peut juste s’amuser en loisir.
Il n’y pas plus qu’à croiser les doigts pour que Manon Fiorot ne tremble pas à l’UFC 315 et qu’elle devienne la nouvelle championne des poids mouches. Elle enverrait ainsi un beau message à toutes celles qui souhaitent se lancer dans le MMA dans l’Hexagone.