Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Membre d’une équipe de France connue pour avoir incarné le fameux slogan « black-blanc-beur », Robert Pirès est revenu sans détour sur les relations entre les joueurs des différentes origines au sein du groupe. Et pour illustrer son propos, il s’est notamment appuyé sur ses échanges avec un certain Zinédine Zidane.
Si l’équipe de France 1998 est passée à la postérité, c’est d’abord pour son titre de championne du monde, évidemment, mais aussi parce qu’elle incarnait le pays comme aucune autre équipe n’a su le faire. Dans le groupe d’Aimé Jacquet, tout le monde se côtoyait parfaitement : Arméniens, Maghrébins, Africains, Antillais, Basques…
Robert Pirès sans filtre sur le vivre-ensemble chez France 1998
De passage au micro de Mouloud Achour sur le plateau de Clique, Robert Pirès a confirmé que cette osmose entre les différentes origines n’était pas surjouée, mais qu’elle était tout simplement dans sa plus belle forme : naturelle. L’ex-Gunner a notamment évoqué ses échanges avec Zinédine Zidane, dont les parents sont Kabyles :
Moi on m’appelle le Portugais, Zizou je l’appelle l’Arabe, Patrick Vieira le Sénégalais… Mais c’est entre nous, il n’y a pas de… Il n’y aucun problème. Ça fait partie de nos racines et on l’accepte, il n’y aucun problème. Quand Zizou m’appelle le Portugais, je lui dis : « Ça va merci, et toi l’Arabe ? » Il n’y aucun soucis entre nous vis-à-vis de ça !
Et à aucun moment il n’y a de racisme, le racisme il est loin, très très loin.
Des propos qui font écho à ceux tenus de manière plus consensuelle par Bixente Lizarazu au micro de France 2 :
Black-blanc-beur, ce n’était pas notre slogan, mais par contre on le vivait comme ça. C’était une bande de potes, et c’est vrai que ça venait de toutes les origines. Mais on ne se posait pas cette question-là. On parlait le même langage. On était une bande de potes. J’entends beaucoup parler du « bien vivre ensemble », et je ressens un peu plus de communautarisme qu’avant. À notre époque, on n’avait pas ça.
De son côté, Frank Leboeuf avait lui aussi indiqué que le fameux terme « black-blanc-beur » n’était même pas d’actualité pour les Bleus, qui vivaient tout simplement en harmonie, sans même se poser la question du mélange d’origines. Selon le défenseur, il s’agit surtout d’une récupération politique :
J’ai toujours dit que c’était un rattrapage politique (sic), cette histoire de black-blanc-beur. On a rendu les gens heureux pendant un été, on n’a pas changé la face de la France. C’était sympa. Nous on a pas calculé comme ça.
On était juste contents de jouer au foot parce que ça faisait partie de notre vie de jouer avec des Noirs, des Maghrébins, des Chinois, etc. La question ne se posait pas. Elle a été récupérée parce que c’était symbolique, mais nous on s’en foutait complètement. On ne se posait pas la question de savoir qui marquait, tout ça.
Bien loin des débats houleux qui traversent désormais la société française, l’équipe de France 1998 a incarné la diversité sans même le vouloir, et sans même chercher à le faire, en cohabitant simplement dans le respect de chacun. Une approche qui a charmé le pays entier, à fort juste titre.