Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Si 1998 et 2018 resteront deux crus bénis pour le football français, 2010 rime en revanche avec l’année de la honte. Entre les insultes de Nicolas Anelka et la grève qui en a découlé, les troupes de Raymond Domenech se sont couvertes de ridicule. Mais sur le moment, l’avis de Zinédine Zidane avait de quoi étonner…
Entre Zinédine Zidane et Nicolas Anelka, l’entente a toujours été bonne. Plutôt complices sur le terrain lors de l’émergence de l’attaquant à la fin des années 1990, Zizou est également monté dans l’estime de son sulfureux ex-coéquipier lorsqu’il a… mis son coup de tête à Marco Materazzi. Jamais le dernier pour alimenter la polémique, Anelka s’était alors délecté de ce geste, qu’il avait commenté comme suit :
Quand j’ai vu son coup de boule, je ne devrais pas dire ça, mais j’ai eu deux fois plus de respect pour lui. Les banlieusards ont dû apprécier.
Il n’en demeure pas moins que l’ex-Parisien a contribué au naufrage du Mondial 2010 – un sujet épineux sur lequel Zizou s’était confié de manière étonnante.
L’avis étonnant de Zinédine Zidane sur le fiasco de 2010
Durant le tournoi, alors que les Bleus venaient de signer deux premiers matchs très poussifs, et que l’affaire avait éclaté, le Ballon d’Or 1998 n’avait en effet pas accablé Anelka, mais plutôt la taupe, pas plus qu’il n’avait accablé la décision de faire grève :
Anelka ? Personne n’est d’accord avec ce qu’il a pu dire ou faire, mais ce que j’ai envie de dénoncer, c’est le fait que ce soit sorti du vestiaire. Il s’y dit souvent des choses dures, mais ça n’en sort jamais. Quand ça sort, les choses se compliquent et deviennent intenables.
Voir maintenant les joueurs ne pas s’entraîner… Je ne suis pas pour, mais je ne suis pas dans leur tête. Sur cette Coupe du monde, on se souviendra de celui qui gagnera la Coupe du Monde. Et de l’équipe de France ! Mais il ne faut pas oublier qu’il reste un match super-important. La possibilité d’une qualification suffit à ce que je me taise.
Comme chacun sait, cette hypothétique qualification n’a jamais eu lieu, et c’est une nouvelle défaite qui a mis fin au calvaire des Bleus. Quelques mois plus tard, ayant peut-être davantage pris la mesure de ce qui s’était déroulé, Zidane s’était en tout cas montré plus ferme vis-à-vis des dérapages à la fois d’Anelka et de l’équipe dans son intégralité :
On est tombé vachement bas. Quand tu es Français et que tu as joué dans cette équipe, c’est dur à encaisser. Encore plus lorsque tu vis à l’étranger, comme moi parce que tu te fais vraiment chambrer par tout le monde. Mais bon c’est de bonne guerre. Ça a été dur. Maintenant, c’est passé et il faut parler de l’avenir.
Zinédine Zidane a clairement revu son jugement entre sa première intervention dans le feu de l’action, et son analyse après-coup. Voulait-il protéger des Bleus alors encore capables de se qualifier ? A-t-il mal jugé la portée du naufrage ? Une chose est sûre : sa deuxième prise de parole colle nettement plus à la réalité de la situation.