Par Pierre-Andréa Fraile | Journaliste sportif
Arrivé à Toulouse en 2022, Paul Graou savait qu’il n’y recevrait qu’un rôle de demi de mêlée remplaçant derrière Antoine Dupont. Une situation qui pourrait froisser les égos de certains joueurs et sur laquelle il s’est exprimé sans filtre.
Ils ont beau n’afficher qu’un an de différence d’âge, leurs parcours s’avère bien distincts. Tous deux formés à Auch, Antoine Dupont et Paul Graou n’ont toutefois pas émergé simultanément. Ainsi, pendant que le premier débarquait en 2017 au Stade Toulousain en tant qu’international français, le second n’avait alors pas encore effectué ses débuts dans le monde professionnel. De quoi justifier leurs statuts actuels.
Paul Graou se livre sur la concurrence avec Antoine Dupont
Immense star de la planète rugby, Dupont possède dès lors tout logiquement un rôle de titulaire inamovible dans son club. Graou, lui, doit se contenter des miettes et n’intègre le XV toulousain que lorsque son homologue n’est pas disponible. De quoi être catégorisé de « doublure » dans les médias, ce qui n’aurait pas forcément toujours été très facile à vivre. Il déclarait en effet à France Bleu Occitanie :
Paul Graou : Je comprends le terme parce que c’est comme ça, et c’est pareil pour sa doublure en équipe de France. Au début, je le voyais un peu péjorativement mais je ne m’en fais pas. Ce sont les journalistes, il faut bien qu’ils trouvent des termes. J’essaie de faire abstraction de ça même si parfois, ça peut être blessant. Mais bon, ça fait partie du jeu. Moi, je ne me pose pas plus de questions que ça.
Plus globalement, le costume de remplaçant peut s’avérer délicat à porter dans une aussi grande équipe que le Stade. C’est en tout cas ce qu’estime le demi de mêlée, dont la confiance peut s’en retrouver altérée :
Paul Graou : Le groupe qu’on a ici est hyper-compétitif donc il faut vraiment prendre confiance et arriver à s’affirmer même si parfois, vu la qualité de l’effectif, c’est compliqué.
Des fois, il y a de la frustration de ne pas jouer mais il faut garder confiance pour bien s’exprimer sur le terrain le samedi.
Cela dit, une telle place dans la hiérarchie peut également s’avérer bénéfique d’après Graou. Elle lui aurait notamment permis de se forger une solide carapace :
Paul Graou : J’ai appris de ce statut-là, de devoir remplacer Antoine et de toutes les exigences qu’il y avait autour de ce poste-là. Maintenant, ça ne me touche plus et c’est aussi pour ça que je prends du plaisir.
À tel point qu’il a décidé en septembre dernier de prolonger son contrat chez les Rouge et Noir, qui était alors arrivé à son terme et qui s’étend désormais jusqu’en 2028.
Victime de la concurrence d’Antoine Dupont au Stade Toulousain, Paul Graou a dans un premier temps eu du mal avec l’étiquette de doublure collée sur son front. Sa force de caractère lui a toutefois permis de surmonter cette épreuve et d’en ressortir grandi.