Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Depuis plusieurs décennies, nombreux sont les joueurs africains qui sont venus faire carrière dans les championnats européens. Pour certains, le chemin a été semé de plus d’embûches que pour d’autres, et Moses Simon en sait quelque chose. Le Nigérian n’a en effet jamais oublié ses premières journées sur le Vieux Continent…
Arrivé à Nantes d’abord en prêt, puis en transfert définitif, Moses Simon s’est rapidement fait une place dans le coeur des supporters des canaris. Joueur valeureux, loin d’être fâché avec le ballon, capable de débloquer des matchs sur des fulgurances, le Nigérian se sent désormais bien du côté de la Loire-Atlantique. Pas peu fier, il expliquait d’ailleurs au site du club il y a quelques mois :
Je comprends tout maintenant. Mais je suis un peu timide. Je fais un mix avec mes coéquipiers. Sorba Thomas ne parle pas français. C’est important pour moi de parler français. Et pour ma famille et ma vie. Je parle avec mes amis extérieurs au foot en français.
Moses Simon raconte son périple fou pour s’établir en Europe
S’il est aujourd’hui solidement installé dans sa vie et dans sa carrière, Simon a dû redoubler d’efforts pour parvenir à son rêve de s’imposer en Europe. Dans une interview pour L’Équipe, il était notamment revenu sur sa première tentative à 17 ans :
En 2013, je signe à 17 ans un pré-contrat à l’Ajax Amsterdam. Je m’entraîne là-bas, tout le monde était content. Et après un match amical, un dirigeant vient : « Simon, tu ne vas pas pouvoir rester ici. On n’a pas le choix, on ne trouve pas d’accord avec ton agent. Ce n’est pas de ta faute ».
Je suis rentré. Au bout de trois mois, je n’avais plus d’argent, de vêtements parce que j’avais tout distribué autour de moi, même plus de chaussures de foot. Mon père nous a toujours éduqués dans l’idée d’aider les gens, alors en rentrant j’avais tout distribué à droite à gauche. Un jour, mon père arrive : « Simon, maintenant, ça fait 3 mois que tu es à la maison, ça suffit ». J’ai demandé encore 3 mois de délai, et en janvier, l’agent m’a appelé : « Simon, tu vas en Slovaquie ».
À ce moment je découvre le froid, la neige que je vois pour la première fois. Mais je suis content parce que, malgré tout, je suis en Europe. Je me disais : si je joue à 100% ici, je vais retourner à l’Ajax. Finalement, ça n’a pas été l’Ajax, mais La Gantoise, où il y avait beaucoup d’Africains. Dans le vestiaire, ça parlait anglais, alors qu’en Slovaquie, c’était compliqué, le coach ne parlait que slovaque.
Ces péripéties n’ont heureusement pas été vaines pour l’ailier, qui reste toutefois marqué par sa toute première arrivée en Europe. Dans une interview à Ojbsports, il avait ainsi raconté :
C’était difficile de s’adapter à la vie en Europe. Pendant les 2 premiers jours, ils nous ont mis dans un hôtel, mais je n’ai pas pu manger de la nourriture. Ils m’ont mis du porc et je ne mange pas de porc, donc j’ai survécu avec du pain et de l’eau. Et puis finalement, enfin, on m’a placé dans une famille anglophone.
Comme Samuel Eto’o et tant d’autres footballeurs africains, Moses Simon a dû s’y reprendre à plusieurs fois avant de réussir en Europe. Sa persévérance a toutefois été récompensée, et on ne peut que se réjouir de voir le Nigérian avoir à ce point réussi son pari. Une bien belle histoire !