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Par Joël Pütz | Journaliste sportif
Scoreur aussi boulimique que naturel, Michael Jordan ne craignait pas beaucoup de défenseurs au cours de sa carrière en NBA. Cela étant dit, il y en avait un qui lui faisait régulièrement péter les plombs… et pas sûr que beaucoup de monde le connaisse.
Ceux qui ont croisé sa route de 1984 à 2003 le savent : mieux valait ne pas être le défenseur direct de Michael Jordan. Endosser ce rôle équivalait en effet souvent à se prendre une véritable raclée en un-contre-un, tant l’arrière des Bulls était surpuissant en attaque. Seuls les Bad Boys des Pistons et leurs fameuses « Jordan Rules » avaient réussi à l’entraver et encore, ce ne fut que temporaire à la fin des années 80.
Il suffit d’ailleurs de regarder ses moyennes au scoring pour s’en rendre compte, surtout à ses débuts en NBA. En 1986-87, alors qu’il n’était que dans sa troisième année et qu’il n’avait disputé que 22 matchs durant la précédente à cause d’une blessure au pied, His Airness avait planté 37.1 points par match. Du jamais vu depuis Wilt Chamberlain et personne ne s’en est approché depuis, pas même James Harden en 2019.
Pete Myers, l’inconnu qui faisait péter les plombs à Michael Jordan
Fait intéressant, le n°23 était probablement aussi survolté à cette époque parce qu’un coéquipier lui donnait souvent du fil à retordre à l’entraînement. Rares sont ceux à connaître le nom de Pete Myers (377 matchs répartis entre sept franchises), mais ce dernier était chargé de faire dégoupiller la superstar. Gene Littles, coach défensif des Bulls, expliquait ainsi le rôle de « Shadow » au New York Times en 1987 :
C’est à lui de mettre la pression et de rester le plus près possible de Michael lorsqu’il le garde. Lors de nos entraînements, nous faisons beaucoup de pressing et de prises à deux ou trois pour nous préparer aux défenses que les équipes opposent à Michael. Michael s’énerve quand Shadow lui prend la balle ou lui met trop de pression.
Parfois, il envoie Shadow au sol, rien de bien méchant. C’est juste sa façon de dire : « Hé, je suis le cador ici, et tu n’es qu’un rookie ».
Pas facile pourtant de faire sortir MJ de ses gonds comme ça… Autant dire que les entraînements pouvaient être musclés pour Myers, même s’il ne s’en plaignait pas :
J’aime ce que je fais. Défendre sur Michael tous les jours à l’entraînement est un travail difficile. J’essaie de le priver du ballon, mais ce n’est pas facile parce que c’est un très bon joueur de un contre un et qu’il sort de beaucoup d’écrans. Ce que je fais doit m’aider. C’est comme si on devait jouer contre Larry Bird et Magic Johnson tous les soirs.
En fin de compte, le défenseur qui a le plus embêté Michael Jordan durant sa carrière se trouvait dans sa propre équipe. Pete Myers n’a rien d’une légende NBA, mais cette anecdote à elle seule fait de lui un personnage culte de la grande ligue américaine.
