Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Né en France et pensionnaire des équipes juniors sous le maillot bleu, c’est pourtant avec l’Espagne qu’Aymeric Laporte est en train de réaliser une superbe carrière internationale. De quoi lui faire arborer un ressenti et un regard biaisé vis-à-vis des Français ? C’est à cette question qu’il a répondu, avec honnêteté.
La carrière d’Aymeric Laporte n’a pas été de tout repos, et c’est un euphémisme. Parti adolescent de l’Hexagone, le natif d’Agen a joué pour diverses équipes de France de jeunes, avant de ne jamais être appelé par Didier Deschamps en séniors. Lassé d’attendre, il a ainsi été naturalisé espagnol en 2021, et joue désormais pour la Roja. Le choix le plus difficile de sa vie d’après une interview pour « Onze Mondial » :
J’ai connu de nombreux obstacles. Le plus grand ? Je dirais mon changement de nationalité. Enfin, je ne sais pas si c’était un obstacle, en tout cas, c’est un choix qui m’a marqué. J’ai pris de nombreuses décisions fortes depuis que je suis tout petit et tout au long de ma carrière : quitter la France pour rejoindre l’Espagne, quitter l’Espagne pour rejoindre l’Angleterre et enfin quitter l’Europe pour signer en Arabie Saoudite.
Aymeric Laporte évoque son lien à la France et à l’Espagne
De 2010 à 2018, en jeunes puis en professionnel, Laporte n’a connu que l’Espagne. Il y garde évidemment une profonde attache :
L’Espagne, c’est tout mon apprentissage. J’ai rejoint ce pays à 15 ans, j’y suis resté huit ans, jusqu’à mes 23 ans. J’ai beaucoup d’amis en Espagne, à Bilbao. Ma femme est de Bilbao aussi. Mes enfants sont nés en Espagne. J’ai une attache forte avec ce pays.
Ironie du sort, la charnière défensive centrale des Espagnols vainqueurs de l’euro 2024 était composée de Laporte, donc, et de Robin Le Normand, autre Français qui a fait le même choix que lui. Pas de quoi trop interloquer l’ancien Citizen :
C’est vrai, durant l’Euro, on a formé la charnière centrale de l’Espagne. Mais sincèrement, ça ne m’inspire rien de spécial. Je suis content de ce qu’on apporte à la Roja. On donne tout pour remporter tous les titres possibles. On a vécu quelque chose de magique. Nous sommes fiers de représenter l’Espagne.
Si le cas de Laporte et Le Normand reste très spécifique en raison de leur changement de nationalité, ils ne sont que deux des innombrables joueurs français qui s’exportent dans le monde entier. Les prospects tricolores ont en effet la cote, ce que l’actuel joueur d’Al-Nassr explique par une raison bien précise :
Les Français ont une mentalité très prononcée. Ils sont très compétitifs, ils sont très acharnés sur leur travail, comparé à d’autres pays où les gars sont un peu plus « light ». En France, on apprend aux joueurs à avoir une mentalité de guerriers, les gars ont faim, ils veulent toujours être au-dessus de leurs adversaires ou même de leurs propres coéquipiers. Ils sont toujours en compétition, prêts à relever des challenges. Il y a aussi plein de bons joueurs, la concurrence est féroce. Voilà ce qui fait la différence.
Bien qu’il porte désormais un autre maillot, dont il se sent fier et proche, Aymeric Laporte ne souhaite pas se montrer aigri ou critique envers la France et les Français. Ses louanges sur la mentalité tricolore en attestent, de même de son absence de chambrage en marge de l’Euro 2024. De quoi faire nourrir des regrets, peut-être, à Didier Deschamps…