Ejecté par Jacquet juste avant le Mondial 98, Ibrahim Ba cash sur ce qu’il a fait le soir de la finale : « J’étais…

Ibrahim Ba évoque sa déception en équipe de France
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Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web

C’est une pratique un peu barbare, et malheureusement répandue dans le monde du football : soumettre un groupe élargi de joueurs à toute la préparation à un tournoi, avant d’en renvoyer quelques uns à la maison à la toute fin. Ibrahim Ba l’a subi en 1998, comme 5 autres coéquipiers – et la pilule a toujours bien du mal à passer.

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Révélé au Havre au milieu des années 1990, Ibrahim Ba a ensuite profité d’un court passage à Bordeaux en guise de tremplin vers l’un des clubs les plus prestigieux du monde, l’AC Milan, où il a signé en 1997. Bien évidemment, le natif de Sénégal avait la Coupe du Monde avec les Bleus en ligne de mire, et il a intégré la pré-sélection d’Aimé Jacquet. Mais au moment fatidique, il a été sommé de faire ses valises…

Dans un entretien accordé à « Parisien », l’ex-Marseillais était revenu sur la brutalité de l’épisode :

On s’est retrouvés convoqués dans une chambre et on s’est entendu dire : « Pour des raisons tactiques et techniques, on ne vous conserve pas ». C’était brutal. Personne n’était préparé à vivre cela. C’était une grande première dans le foot français. Je ne le souhaite à personne.

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Le drôle de 12 juillet 1998 d’Ibrahim Ba

Quelques semaines plus tard, au soir de la finale face au Brésil, c’est donc un mélange d’émotions difficiles à cerner qui a envahi le milanais. Dans son appartement italien, il a certes célébré les buts, mais le coeur était encore marqué :

J’avais une petite boule à l’estomac avant le match. C’était le Brésil en face. Des images fugaces m’ont traversé l’esprit… Je revoyais le début du stage à Tignes. J’avais participé de l’intérieur au lancement de l’aventure et ça ne s’oublie pas.



J’étais content comme français, sincèrement heureux pour mes potes, mais je ne me sentais pas champion du monde. Quand on t’annonce que tu rates le train du Mondial, c’est brutal. Je l’ai très mal vécu à l’époque. Si le sélectionneur m’avait rappelé, je ne serais pas revenu.

D’ailleurs, contrairement à d’autres joueurs dans le même cas que lui qui assurent avoir tourné la page, Ba, lui, revendique sa plaie béante. Et sa colère envers Aimé Jacquet :

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Moi, je vais être franc : je suis toujours en colère contre Aimé Jacquet. Je crois vraiment que je méritais ma place parmi les 22. Je le vis toujours comme une injustice. C’est une histoire qui a changé le cours de ma vie. Mais, aujourd’hui, j’accepte le fait que je ne pourrai jamais revenir en arrière. Je ne serai jamais champion du monde.

Si j’ai parlé à Jacquet ? Jamais. Je n’en ai jamais ressenti le besoin. De toute façon, il me dirait quoi ? Que ce n’était pas personnel ? C’est ma cicatrice et en reparler avec lui risquerait de l’ouvrir à nouveau. Il pourra toujours me dire que Christophe Dugarry, qui m’a été préféré, était meilleur. Mais je ne le croirai pas. Et si Dugarry avait été à ma place, lui aussi aurait eu les boules de se voir préférer Ba.

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Si certains joueurs ont su rebondir après avoir vécu un pareil déchirement, Ibrahim Ba, lui, n’a jamais le traumatisme qu’a constitué ce départ de Clairefontaine à quelques encablures de cette Coupe du Monde à la maison. Au point, d’ailleurs, de ne jamais retrouver l’excellent joueur qu’il fut dans les années 1990 après cet épisode…

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