Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Si le 12 juillet 1998 est un symbole de fête éternelle pour le peuple français, les Brésiliens, eux, ont vécu un cauchemar. Ce fut notamment le cas pour le pauvre Ronaldo, qui aurait pu être consacré dans l’Hexagone, mais qui a vécu un calvaire avec une énorme frayeur vis-à-vis de sa santé. Un épisode sur lequel Youri Djorkaeff a fait quelques brèves révélations 20 ans plus tard.
C’est le gros point d’ombre autour du succès triomphal de l’équipe de France le 12 juillet 1998 face au Brésil. Alors meilleur joueur du monde, au sommet de son art, le brésilien Ronaldo a été victime d’un malaise et de convulsions à l’hôtel à la veille de la finale. Crise d’épilepsie ? Empoisonnement ? Toutes les théories ont pu être avancées, certaines plus farfelues que d’autres. Et nul ne sait la vérité.
Ce qui est certain, en revanche, c’est que celui qui tétanisait littéralement les défenseurs tricolores a failli ne pas disputer France-Brésil. Remis sur pied par le staff médical des auriverde, puis emmené dans un hôpital parisien pour une batterie de tests neurologiques, le phénomène arrive pourtant bien au stade en même temps que ses coéquipiers, la mine pâle et les yeux hagards.
La visite de Youri Djorkaeff chez les Brésiliens
Soucieux de l’état de santé de son partenaire à l’Inter Milan, Djorkaeff choisit alors d’aller voir le camp brésilien dans les travées du Stade de France. Il y est assuré que R9 va mieux :
C’était mon coéquipier à l’Inter Milan. Alors je suis allé voir les Brésiliens, et ils m’ont dit que tout allait bien pour lui.
D’abord absent de la feuille de match, remplacé par Edmundo, Ronaldo prendra finalement bien part à la finale, qu’il a traversée comme une ombre, de A à Z. Le sélectionneur Mario Zagallo assume :
Je n’ai pas arrêté de penser à le remplacer. Mais il m’a dit qu’il se sentait bien. Si je ne l’avais pas fait jouer, on me l’aurait reproché pendant longtemps.
Djorkaeff, lui, regrette forcément cet épisode, même si les Bleus n’ont d’abord pas pris le temps de s’apitoyer sur leur rival, eux qui étaient pleinement concentrés dans leur finale. Il n’en reste pas moins que Ronaldo est le meilleur joueur avec qui le Français affirme avoir joué, comme il l’expliquait dans un entretien à L’Équipe :
Forcément, Ronaldo. Tout ce qu’il faisait c’était fou. En plus, il reproduisait en match ce qu’il réalisait à l’entraînement. Pour lui, il n’y avait pas de barrière entre les deux. On s’arrêtait souvent pour le regarder éliminer deux ou trois gars dans une toute petite surface. Et avec une telle facilité. Même l’entraîneur était mort de rire.
L’enjeu de la finale de Coupe du Monde n’a pas fait oublier à Youri Djorkaeff que Ronaldo, son ami, était en délicatesse au niveau de sa santé. Aligné malgré tout, l’attaquant de l’Inter Milan n’a été que l’ombre de lui-même, ce qui aurait pu changer bien des choses. Mais l’histoire est ainsi faite, et ce sont les Bleus qui sont passés à la postérité ce soir-là.