Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Cadre incontournable de l’équipe de France légendaire qui a réussi le doublé, Bixente Lizarazu a toutefois été remplacé par Roger Lemerre en finale de l’Euro. Ce choix, qui s’est avéré décisif, était pour le moins inhabituel et audacieux. 20 ans plus tard, « Liza », qui a fait les frais de ce changement au profit de Robert Pirès, est revenu sur ce moment.
Dans l’équipe de France championne du monde en 1998 comme dans celle vainqueur de l’Euro en 2000, Bixente Lizarazu était un pilier inamovible. Lors du Mondial, il a d’ailleurs disputé toutes les minutes possibles, à l’exception du match « pour du beurre » face au Danemark lors duquel il a été laissé au repos. Deux ans plus tard, les choses ont été un peu différentes.
Bixente Lizarazu revient sur son remplacement en finale de l’Euro
Déjà ménagé contre la République Tchèque suite à une alerte musculaire à l’échauffement, le latéral gauche a ensuite été mis au repos face aux Pays-Bas, dans un match là encore à l’enjeu restreint. Puis c’est en finale, à la 87ème minute, alors que la France était menée 1-0 par l’Italie, que Lizarazu a été rappelé au banc par Roger Lemerre.
En souffrance face à des transalpins désireux de prendre leur revanche après le revers de 1998, les Bleus s’en sont remis à ce coup de coaching un peu fou : faire entrer Robert Pirès à la place de Liza, un choix ultra-offensif. Au micro de la FFF, l’ex-joueur du Bayern Munich est revenu sur ce choix, sur lequel il n’a rien de négatif à dire :
Je sors, et je suis frustré du ressenti sur le terrain, du fait qu’on n’arrive pas à développer notre jeu. Je suis énervé, je sors énervé, déçu qu’on ne parvienne pas à lancer cette finale. On n’arrivait pas à jouer. C’est normal que le coach tente un coup, un coup offensif, et là on passe à trois en défense, et Robert rentre pour avoir un attaquant supplémentaire. Donc j’ai trouvé ça plutôt logique de tenter un dernier coup et de mettre un attaquant à la place d’un défenseur.
Une fois sur le banc, Lizarazu constate qu’un énorme chambrage est en cours de la part des Italiens vis-à-vis du banc français, et que les insultes fusent. Mais à l’ultime minute du temps additionnel, Sylvain Wiltord vient égaliser et envoyer le match en prolongation, avant que David Trézéguet, lui aussi entré en jeu, profite d’un excellent travail de Pirès pour envoyer les Bleus sur le toit de l’Europe. De quoi faire chavirer Lizarazu :
C’est un coup qui réussit, qui aurait pu ne pas réussir, mais qui devient presque un coup de génie. Et puis il y a le but de Sylvain, et du moment où on égalise, mentalement, tout change. On mesure 2m50, et les Italiens 1m. C’est le déclic, la bascule. Et après, le but en or, c’est une action fantastique. Ce débordement génial de Robert, et la reprise de volée… Et là on s’est tous levés, on est passés devant le banc italien, avec quelques noms d’oiseaux (rires).
Pas habitué à être remplacés en cours de match sous le maillot bleu, Bixente Lizarazu salue toutefois le coup un peu désespéré, mais diablement efficace initié par Roger Lemerre. À la clé : un doublé historique, qui a propulsé Liza et ses acolytes tricolores à tout jamais dans l’histoire du football.