Lilian Thuram cash sur les sifflets de la Marseillaise par les Algériens : « J’ai compris que…

Lilian Thuram évoque la France et l'Algérie
France TV (DR)

Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web

Dans l’un des matchs les plus tristement célèbres de l’histoire de la sélection nationale, l’équipe de France et l’Algérie n’ont pas pu aller au bout de leur match amical disputé au Stade de France en 2001. La soirée a en effet été marquée par de nombreux incidents, dont de violentes huées envers la Marseillaise. 20 ans après, Lilian Thuram y a néanmoins apporté son regard… et son explication.

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Ça devait être une fête, ce fut un cauchemar. Le 6 octobre 2001, le match souhaité par les pouvoirs publics entre France et Algérie a rapidement tourné au carnage : après une Marseillaise huée, ce qui a poussé Jacques Chirac à quitter le Stade de France, la rencontre a été définitivement interrompue à la 76ème minute lors d’un envahissement de terrain initié par des supporters algériens.

Lilian Thuram n’accable pas ceux qui ont hué la Marseillaise

Dans un entretien accordé à « So Foot », Lilian Thuram, très engagé sur les sujets sociétaux, et qui a pourtant été filmé en train de sermonner l’un des envahisseurs, a semblé justifier les sifflets :

Au moment des hymnes, je ne suis pas surpris. Peut-être du fait de ce que j’avais vécu : je suis né aux Antilles, puis j’ai grandi en banlieue parisienne. Pour moi, quand on siffle La Marseillaise, ce n’est pas qu’on a un problème avec ce chant, mais bien un problème avec la France. Ce problème, c’est une volonté d’être reconnu et d’être aimé.

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Ce que ces sifflets expriment c’est : « Pourquoi vous ne nous reconnaissez pas ? Pourquoi vous nous rejetez ? » En grandissant en banlieue parisienne, mes amis et moi-même avons eu ces questionnements. Il y a alors une réelle difficulté à se présenter comme Français, car nous ne sommes pas considérés comme des Français à part entière.

Nous avons toujours senti ce mépris, on nous perçoit comme étant « des étrangers » . Pourquoi ? Derrière ces sifflets, il y a une demande de reconnaissance et de respect.



Moins d’une heure et demie plus tard, après le désastre, le latéral droit a rapidement accusé le coup, estimant – à juste titre – que l’affaire allait laisser une plaie béante :

Bien sûr, après le match, j’étais en colère. Contre les jeunes, les partis politiques et la perception médiatique. J’étais en colère car j’avais l’impression que cet événement allait laisser une cicatrice dans l’imaginaire collectif.

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J’avais 29 ans, je connaissais depuis longtemps la portée politique du foot. J’ai compris que cet événement allait nourrir et réveiller certains préjugés dans la société : « Ce sont les musulmans ». C’est ce qu’on fait encore aujourd’hui. Ce match-là a nourri ce rejet profond que certains ont de l’Islam.

Malgré tout, l’ancien joueur de Parme et de la Juventus, éternel optimiste, veut encore croire la réconciliation à travers le football, avec une idée notamment :

J’espère qu’il y aura très bientôt un match France-Algérie ou Algérie-France. Pour cela, il faut une volonté politique. Jouer un France-Allemagne, ce n’est pas comme jouer un (autre match). Plus il y a de France-Allemagne ou de France-Algérie, plus les liens se solidifient dans l’imaginaire collectif. Ne serait-il pas très intéressant d’organiser chaque année des matchs France-Algérie entre les sélections de jeunes ?

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Pris entre l’envie de critiquer les actions irresponsables de certains jeunes ce soir-là, et son souhait de ne pas voir les idées de droite dure prospérer, Lilian Thuram tient une approche qui peut parfois être difficile à cerner, notamment lorsqu’il sous-entend comprend les huées contre la Marseillaise, lui l’amoureux du drapeau français. Un sujet clivant, sur lequel chacun se fera son avis.

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