Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Auteur d’un très beau parcours en professionnel, Frank Leboeuf a néanmoins dû lutter face aux doutes et aux critiques à son égard. Tant et si bien que le natif de Marseille a fini par craquer un jour dans le vestiaire, en frappant devant tout le monde un nom bien connu de tous les amateurs de football français…
Si Frank Leboeuf s’est bâti une magnifique carrière, notamment marquée par certains des trophées les plus prestigieux du monde du football, le défenseur tricolore a toujours eu l’impression de ne pas être considéré à la hauteur de certains de ses pairs. Remplaçant en 1998, mais propulsé titulaire en finale contre le Brésil après l’expulsion de Laurent Blanc en demi-finale, l’ancien de Chelsea se souvient du peu de confiance qui lui a été accordé :
J’ai le souvenir de ma propre expérience en finale de Coupe du Monde. Je n’aurais pas dû être là ce jour-là. C’était un match très difficile pour moi. Tu allumais la télé, tu regardais les journaux, les magazines, c’était : « Comment on peut faire pour gagner sans Laurent Blanc ? » Tu te sens légèrement comme une merde. Aimé Jacquet ne m’a pas parlé pendant trois jours. Je ne sais pas pourquoi. Je n’ai jamais eu d’explication. Je lui en ai voulu.
Le règlement de comptes de Frank Leboeuf avec un journaliste
Cette peur de ne pas être légitime, ou du moins de ne pas être perçu comme légitime, remonte à quelques années auparavant. Dès sa première sélection en 1995, Leboeuf se fait tancer par la presse. Dans les colonnes de « So Foot », il s’est ainsi souvenu :
C’est dur d’entendre ta mère pleurer, pour ta première sélection, parce qu’il y a une demi-page dans L’Équipe disant que j’ai rien à foutre dans ce groupe alors qu’il y a un mondial à préparer. C’était méchant et gratuit.
Dans le viseur de Frank Leboeuf, et derrière cette fameuse plume de L’Équipe, c’est Vincent Duluc qui est visé. Grand journaliste de L’Équipe depuis de longues années, très connu dans le monde du ballon rond, celui qui a également écrit de nombreux ouvrages n’a pas laissé un souvenir impérissable à Leboeuf, qui est même allé jusqu’à le frapper. Il avoue :
Vincent Duluc aussi me détruisait à tous les matchs avec Strasbourg. Au point que je l’avais interdit de vestiaire après une défaite au Havre. Il a insisté pour rentrer et ça s’est mal terminé, je l’ai frappé, devant d’autres journalistes.
C’est notamment après cet épisode, qui coïncide d’ailleurs à peu de choses près avec son départ à Chelsea, que Leboeuf a choisi de prendre de la distance avec la presse et ce qui y était écrit. Il a ainsi résumé dans son style caractéristique :
En Angleterre, ensuite, j’en avais plus rien à foutre de la presse française.
Les conflits entre footballeurs et journalistes sont vieux comme le monde, mais il est plutôt rare de voir un joueur en venir aux mains avec l’un d’eux. C’est ce qu’a fait Frank Leboeuf – un geste qu’il assume et qu’il revendique un quart de siècle plus tard. Pour lui, le défenseur tricolore avait toutes les bonnes raisons de réagir ainsi. Pas sûr que Vincent Duluc soit du même avis…