Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Ils ont deux des plus beaux palmarès de l’histoire de l’équipe de France, mais Michel Platini et Didier Deschamps ont une conception bien différente du football. Hasard ou non, les deux hommes se sont souvent titillés, soit par presse interposée, soit face-à-face. Et c’est sûrement « Platoche » qui y est allé le plus fort en marge de l’Euro 2000.
Comme tous les enfants ayant grandi dans les années 1980, Didier Deschamps avait pour idole un certain Michel Platini. Seulement voilà : à l’exception du brassard de capitaine, c’est dans un registre totalement différent que « DD » a bâti sa carrière. Loin du talent brut balle au pied de l’ancien Turinois, c’est par son côté besogneux que Deschamps s’est installé à la table des grands.
Pas de doute : « La Dèche » a maximisé son potentiel, et bien plus encore, lui dont la qualité balle au pied lui a valu quelques critiques, notamment en provenance d’Alessandro Del Piero et de Zinédine Zidane. Qu’importe : le grand ami de Marcel Desailly regorgeait d’autres qualités – mais pas forcément celles qui font rêver un certain Michel Platini, son ancien sélectionneur au tournant des années 1990.
La passe d’armes entre Michel Platini et Didier Deschamps
En effet, au détour d’un entretien accordé à l’Humanité en 2000, « Platoche » avait été plutôt clair sur la qualité de footballeur de l’ancien Marseillais :
Didier Deschamps fait partie de ces joueurs utiles mais qui ne resteront pas dans l’histoire des grands footballeurs… Il a fait sa carrière son son intelligence, il le sait.
Cette pique découle-t-elle de l’échange entre les deux hommes à l’issue de la Coupe du Monde 1998 ? Peut-être. Organisateur, Platini avait chambré les joueurs français dans le vestiaire, avant de se faire retoquer par Deschamps – avec le sourire évidemment :
Platini : « Alors les gars, il a fallu que j’organise la Coupe du Monde pour que vous la gagniez ! »
Deschamps : « Eh oui, moi j’étais fait pour la gagner, et toi pour l’organiser ! »
Bien évidemment, et égos mis à part, les deux légendes de l’équipe de France se respectent évidemment. Mais Platini avait remis une pièce dans la machine récemment, après la prolongation de « DD » à la tête des Bleus :
Si Deschamps a voulu rester avec la sélection et prolonger son contrat (jusqu’en 2026), c’est qu’elle est bonne. Il a du matériel et une sacrée génération en place. Aujourd’hui, diriger l’équipe de France est plus facile. Je ne suis pas fasciné par les entraîneurs.
Un bon coach, c’est celui qui a des bons joueurs. Je pense que c’est plus facile pour Didier Deschamps d’entraîner et de gagner avec l’équipe de France que la sélection de San Marin.
Grands bonhommes du football français chacun à leur manière, Michel Platini et Didier Deschamps sont aussi deux immenses compétiteurs, deux capitaines à la mentalité « alpha », ce qui les pousse à parfois se tester et se tancer. Il est vrai que « La Dèche » a eu le dernier mot en termes de Coupe du Monde, même si « Platoche », lui, peut se targuer d’avoir 3 Ballons d’Or…