Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Officiellement retraité, et n’ayant donc plus à préserver les petits secrets de compétiteur qui étaient les siens, Rafael Nadal semble avoir besoin de se confier sur certains aspects de sa carrière tenus secrets jusqu’ici. C’est ainsi que l’Espagnol a notamment dévoilé comment il abordait chaque soirée avant un match, et cela indépendamment de son adversaire…
Cette fois, c’est terminé. Après une tournée d’adieu parfois douloureuse à voir, tant il était (re)devenu un simple joueur mortel parmi les mortels, Rafael Nadal a dit adieu au tennis il y a quelques semaines suite à la Coupe Davis. Et libéré de ce poids de joueur professionnel, le champion peut ainsi se confier comme jamais auparavant.
Rafael Nadal lève le voile sur l’envers du décor
Dans un entretien accordé à Kia, celui qui a si longtemps été comparé à une machine a fendu l’armure et a notamment révélé être stressé avant chaque soir de match :
Honnêtement, j’ai été nerveux avant chaque match que j’ai joué, ça ne vous quitte jamais ! Tous les soirs avant un match, je me couchais avec le sentiment que je pouvais perdre, et c’était pareil quand je me réveillais le matin…
Dans le tennis, la différence entre les joueurs est très mince, et entre les rivaux encore plus. Quand vous entrez sur le court, tout peut arriver, donc tous vos sens doivent être en éveil, en vie.
Ce sentiment, le feu intérieur et les nerfs, l’adrénaline de sortir et de voir un court plein, c’est une sensation qu’il est très difficile de décrire. C’est une sensation que seules quelques personnes peuvent comprendre, et quelque chose qui, j’en suis sûr, ne sera plus jamais le même maintenant que je prends ma retraite en tant que professionnel.
La bonne nouvelle, dans tout ça, c’est que Nadal pourra enfin vivre plus librement, sans se soucier des dégâts physiques et mentaux de sa profession. Plus libéré, il a d’ailleurs consenti à un gros aveu :
Pendant la majeure partie de ma carrière, j’ai réussi à contrôler mes émotions… à une exception près. Il y a quelques années, j’ai traversé une période très difficile sur le plan mental.
J’étais habitué à la douleur physique, mais à certains moments, sur le terrain, j’avais du mal à contrôler ma respiration et je ne pouvais pas jouer au plus haut niveau. Je n’ai plus de mal à le dire aujourd’hui. Après tout, nous sommes des êtres humains, pas des super‐héros.
La personne que vous voyez au centre du terrain avec un trophée est une personne. Épuisée, soulagée, heureuse, reconnaissante, mais juste une personne (…) Il y a eu des mois où j’ai envisagé de faire une pause complète dans le tennis pour me purifier l’esprit. Finalement, j’ai travaillé tous les jours pour m’améliorer. Je suis lentement redevenu moi‐même. Ce dont je suis le plus fier, c’est d’avoir lutté, mais de n’avoir jamais abandonné.
Contrairement à l’image de machine de guerre qu’il pouvait parfois renvoyer, Rafael Nadal est en fait toujours resté profondément humble et humain, au point de toujours craindre le match du lendemain, et cela quelque soit son adversaire. Une chose est sûre : l’Espagnol ne s’est jamais trahi durant son illustre carrière, et ça mérite un coup de chapeau.