Par Guillaume K. | Journaliste sportif
Comme de nombreux joueurs de l’équipe de France 98, Robert Pirès aurait pu jouer pour une autre sélection. Né d’un père portugais et d’une mère espagnole, il aurait pu trouver son bonheur ailleurs. Mais sa relation avec la France est bien trop forte.
Alors que les équipes de France devraient être une source de cohésion nationale et de fierté, loin des considérations sociales, ethniques ou religieuses, de plus en plus de débats nauséabonds fleurissent, surtout en ce qui concerne le football. En effet, certains justifient leur désamour pour la sélection de Didier Deschamps par le manque de diversité sur le terrain.
Une position qui occulte un fait pourtant indéniable : les Bleus se sont toujours servis de ce mélange de cultures comme d’une force. Michel Platini et ses partenaires auraient-ils remporté l’Euro 1984 sans l’apport de Luis Fernandez au milieu de terrain, lui qui est né en Espagne ? La Coupe du Monde 98 aurait-elle eu la même saveur sans Zinédine Zidane, franco-algérien ?
Robert Pirès honnête sur ses parents
Et il n’était d’ailleurs pas le seul à avoir des origines étrangères chez les champions du monde, puisque Patrick Vieira est né au Sénégal et Marcel Desailly au Ghana. Robert Pirès aussi aurait pu porter un autre maillot que celui des Bleus, puisque ses parents sont des immigrés portugais et espagnols. Il s’est exprimé sur le sujet lors de son passage sur la chaine YouTube de Johan Djourou, ancien défenseur d’Arsenal :
Mon père aurait aimé que je joue avec le Portugal. Je n’ai que la nationalité française, mais à 17 ou 18 ans, quand les Portugais ont appris que j’avais un père originaire du pays, ils sont venus me parler pour voir si je voulais jouer pour eux. Mais je pense qu’il est très fier que je puisse jouer pour la France. Ce sont des immigrés, j’ai un père portugais et une mère espagnole. Ils arrivent en France dans les années 70′ et pour s’intégrer il faut faire profil bas.
D’où mon prénom, Robert, c’est à l’ancienne. Ils voulaient vraiment qu’on s’adapte à la culture française, qu’on aille à l’école française, qu’on apprenne le mode de vie français. Quand mon père voit que je suis professionnel et que je représente la France, c’est une énorme satisfaction. Ils sont fiers, et si je l’ai fait, c’est parce qu’ils m’ont beaucoup aidé.
Je suis Français, j’ai le passeport français, je suis né à Reims… Même si à l’école c’était compliqué pour faire les devoirs. C’était délicat avec un père portugais et une mère espagnole, donc il a fallu que je me fasse tout seul, et je n’étais pas un bon élève. Je n’avais pas l’appui de mes parents, quand j’avais besoin d’aide personne n’était là.
Si Robert Pirès avait écouté son père, il aurait certainement choisi de jouer pour la sélection portugaise… Mais parce qu’il est né en France et a grandi dans la culture française, il n’a jamais vraiment hésité.