18 ans après, la fuite sur Zinédine Zidane au Mondial 2006 : « Après le 3ème match, il a demandé…

Raymond Domenech et Zinedine Zidane
Public Sénat (DR) / SKWEEK (DR)

Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web

Chaque Coupe du Monde amène son lot d’anecdotes sur la vie de groupe et les inévitables tensions qui pointent le bout de leur nez pendant les longues semaines de vie commune. En 2006, c’est à l’issue d’une phase de poules particulièrement délicate que Zinédine Zidane et quelques cadres ont agi. Et leur demande, à première vue anodine, a tout fait basculer.

Publicité

Avant l’épopée formidable contre l’Espagne, le Brésil, le Portugal, puis la tristement célèbre finale contre l’Italie, l’équipe de France a connu un début de Coupe du Monde 2006 bien poussif. En difficulté dans le jeu et dans leur vie de groupe, mais tout de même qualifiés, les Bleus ont accumulé un certain bagage de rancoeurs. Zinédine Zidane refuse alors de parler à la presse, même si Michel Platini le dédouane : « Tant qu’il parle avec ses pieds, ça suffira ».

La demande de Zidane et des cadres au staff des Bleus

Il n’en demeure pas moins que quelque chose doit être fait. Zizou, qui fait partie des rares joueurs à avoir connu 1998, compétition lors de laquelle les tricolores se retrouvaient souvent autour de longs repas fondateurs à Clairefontaine, décide d’agir. En froid relatif avec Raymond Domenech, à qui il ne pardonne pas de l’avoir fait sortir à la 90ème minute contre la Corée du Sud, il cherche l’électrochoc.

Publicité

Accompagné de Lilian Thuram, Claude Makélélé et Willy Sagnol, « ZZ » apostrophe Philippe Tournon, qui raconte dans son livre :

Après le 3ème match, je vois venir une délégation de joueurs avec Zizou, Sagnol, Makelele, Thuram qui me dit : « On n’en peut plus d’être enfermés dans notre bunker, on a besoin de sortir, de se retrouver entre nous, vraiment rien qu’entre nous ». J’en parle à Raymond qui me donne son feu vert, et on finit par dégoter une auberge bien planquée avec une grande terrasse, barbecue… On la privatise et, à partir de là, entre chaque match, les joueurs s’y retrouveront, entre eux, ils feront eux-mêmes le barbeuc.



On arrivera a déjouer toutes les surveillances, feinter ceux qui nous espionnent, en entassant les joueurs dans des fourgons noirs aux vitres teintées, en empruntant les accès réservés aux livraisons. Un truc de dingue, qui marchera très bien. Je ne dis pas que c’est grâce à ça qu’on est allés en finale, mais ça y a contribué, c’est sûr.

Publicité

Le premier soir, croyant être invité, le staff se présente à la fameuse auberge pour prendre part aux festivités. Les cadres leur expliquent : il s’agit d’un rendez-vous exclusivement réservé aux joueurs, et le staff fait demi-tour. Quelques années plus tard, Zidane expliquait à L’Équipe le caractère fondateur qu’ont constitué ces fameux barbecues. Dans la vie de groupe comme sur le terrain, les anciens ont alors géré le reste de la compétition à leur guise, réduisant Domenech à un rôle de marionnette :

On avait pris les clés. À 100 %. On était entre nous, chaque avant-veille de match. On avait trouvé un lieu pour nous. C’était exceptionnel. On faisait venir des merguez de Berlin parce qu’il paraît que c’étaient les meilleures ! Des moments magnifiques, pendant quatre heures à table. Il y a eu une vraie cohésion. C’était dans une petite auberge perdue, à quelques kilomètres de notre hôtel. Une ambiance fabuleuse.

Publicité

Sous l’impulsion de Zinédine Zidane, l’équipe de France 2006 est devenue un groupe uni et soudé juste avant les huitièmes de finale, sur le modèle de ce qui avait déjà fonctionné lors du triomphe de 1998. Cette fois-ci, malheureusement, les coups de tête de Zizou dans le ballon face au Brésil ont laissé place à un coup de boule dans le thorax de Marco Materazzi. Avec le résultat que l’on sait.

Multisports

Les dernières actus