Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Si le Zinédine Zidane des terrains était capable de perdre son sang-froid, comme il l’a malheureusement montré un triste soir du 9 juillet 2006, l’homme, lui, est plutôt connu pour sa gentillesse, son empathie, et son éducation impeccable. Demandez par exemple à Christophe Pignol, ancien maillon de la grande équipe nantaise des années 1990, qui a une anecdote saisissante à ce sujet.
Il y a des joueurs qui sont naturellement des artistes du ballon rond, et qui peuvent d’une certaine manière se reposer sur leurs facilités. Et puis il y a les besogneux, qui méritent tout autant le respect, et qui doivent travailler dur pour maximiser leur potentiel et faire une belle carrière. En la matière, Christophe Pignol est un véritable exemple.
Formé à Saint-Etienne à une époque où le club forézien n’allait pas fort, le natif d’Aubagne est devenu quelques années plus tard un rouage essentiel de la superbe équipe de Nantes des années 1990. Champion de France en 1995 avec les Canaris puis en 2000 avec Monaco, avant d’être malheureusement frappé par une leucémie qu’il a surmontée, Pignol garde toutefois un souvenir à part des autres : une demi-finale de Ligue des Champions face à la grande Juventus.
Le geste fort de Zinédine Zidane pour Christophe Pignol
Dans ce match aller largement dominé par les Turinois (4-1), le défenseur est contraint de quitter ses coéquipiers à la 40ème minute après un énorme choc. Direction l’hôpital :
Juste avant la mi-temps de la demi-finale aller de la Ligue des champions Juventus-Monaco, Angelo Di Livio me donne un coup sur la tempe qui m’envoie plusieurs jours à l’hôpital de Turin. Une usine à gaz. Je me retrouve dans une chambre à quatre ou cinq…
Alors qu’ils n’étaient pour rien dans la mésaventure de Pignol, plusieurs joueurs de la Juve sont pourtant venus le voir à l’hôpital, dont Zinédine Zidane. Ce dernier a même formulé une demande pleine de classe, comme s’est souvenu l’ex-Monégasque au micro de L’Équipe :
Zidane, Deschamps, Di Livio et Del Piero viennent me voir. La femme d’un mec qui venait de se faire opérer n’en croyait pas ses yeux. Elle n’arrêtait pas de le secouer, mais il n’arrivait pas à se réveiller de son anesthésie !
Deschamps a fait en sorte que Cathy, ma femme, change d’hôtel et lui a prêté son téléphone. Zidane, lui, a demandé à ma femme si elle avait besoin de faire des courses. La Juve, c’est la grande classe.
Ce geste touchant n’est pas le seul qui a frappé Pignol en plein coeur. Dans un autre registre, il garde aussi un moment gravé en mémoire :
Après ma leucémie, je vais manger à Cannes avec Vahid Halilhodzic et les présidents, Luc Dayan et Francis Graille. Je ne connaissais pas Luc et il m’a payé mes deux dernières années au LOSC. Je n’avais joué que huit mois et il a signé le chèque sur place, à la condition que je ne rejoue pas en pro. Lille aussi, c’est la classe.
En dépit de ses coups de sang sur le terrain, le monde du football est unanime : Zinédine Zidane est une belle personne dans la vie de tous les jours, enclin à aider les autres sans le crier sur tous les toits. Cette anecdote de Christophe Pignol vient, une fois de plus, et si besoin était, de le prouver.