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Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Si certains footballeurs bi-nationaux font le choix de représenter la France, ils sont de plus en plus nombreux à porter les couleurs de leur autre nationalité. Bien avant Houssem Aouar ou encore Amine Gouiri, il y a eu un certain Sofiane Feghouli. Le Franco-Algérien a choisi de jouer pour les Fennecs après avoir porté le maillot bleu en jeune – un choix en cohérence avec ses propos sur la France.
C’est un choix qui s’offre à tous les footballeurs bi-nationaux de talent : celui de choisir quel pays représenter sportivement. Pour Sofiane Feghouli, né à Levallois-Perret et ayant grandi dans l’Hexagone, la réponse a d’abord été la France en U18 et en Espoirs. Mais le coeur a parlé, et c’est finalement sous le maillot de l’Algérie que l’ancien Grenoblois a fait son parcours (83 sélections, 19 buts). Alors pourquoi ?
Sofian Feghouli explique pourquoi il a choisi l’Algérie et pas la France
Dans des propos tenus à L’Équipe en marge de la CAN 2015, Feghouli s’était montré particulièrement critique envers la France, pointant des problèmes d’assimilation à ses yeux dans la société française :
Mes parents sont Algériens. Je suis né en banlieue parisienne mais j’ai grandi avec une culture algérienne à la maison. Cet attachement, il s’est fait de manière très naturelle.
Quand j’étais jeune, Zinédine Zidane m’a fait rêver et, à travers le football, c’était un exemple d’intégration. Mais j’avais en tête qu’on le considérait comme un Français à part entière parce qu’il avait réussi et qu’il avait fait gagner le pays. Si ça n’avait pas été le cas, je pense qu’on l’aurait toujours ramené à ses origines algériennes.
Après, je suis Français aussi, j’ai profité de la superbe formation à la française mais, voilà, j’ai appris au fil de ma vie l’histoire des deux pays et, ce que je ressens, ça va au-delà du football. Avec tout ce que j’ai vécu, je ne me sens pas pleinement intégré au sein de la société française et le choix de l’Algérie, c’est celui du coeur. Je me sens Algérien, tout simplement.
Quand je vois l’état de la société française et ce qu’il s’y passe, je n’ai pas besoin de rentrer dans les détails… On constate les problèmes qu’il y a vis-à-vis des Maghrébins, des Africains…
Nos grands-parents ont combattu pour la France, mais je ne ressens aucune reconnaissance. Il faut toujours faire le double ou le triple pour espérer acquérir un quelconque mérite. Voilà, il y a plein de problématiques qui m’empêchent de me sentir pleinement intégré et heureux au sein de la société française.
Un portrait au vitriol dressé par le joueur des Fennecs, qui semble résigné pour sa propre génération. En revanche, il aimerait voir les choses changer pour l’avenir :
J’espère que la cinquième ou la sixième génération issue de l’immigration pourra se sentir pleinement intégrée et qu’elle partira à chances égales. Et pas seulement dans le football, mais aussi dans le monde du travail, dans la politique ou à la télévision, où on fait appel à des personnes dans lesquelles on ne se reconnaît pas… Aujourd’hui, la France a un gros problème avec ses binationaux.
Animé d’un ressenti vis-à-vis de la France, qu’il a également manifesté sur ses réseaux sociaux en dénonçant à plusieurs reprises la colonisation, Sofiane Feghouli a préféré jouer pour l’Algérie que pour le pays dans lequel il est né et où il a grandi. Un choix qui est pleinement assumé de la part de ce manieur de ballon hors-pair.
