Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Avec 99 sélections au compteur à ce jour, Riyad Mahrez s’est imposé comme l’un des joueurs les plus marquants de la sélection algérienne au 21ème siècle. L’ancien joueur de Manchester City aurait pourtant pu choisir la France, lui le natif de Sarcelles. Mais deux raisons lui ont fait se diriger vers l’Algérie, ce qu’il assume totalement.
Si de nombreux bi-nationaux ont choisi de porter les couleurs de l’équipe de France ces 20 à 30 dernières années, ce n’est pas le cas de Riyad Mahrez. Pourtant né à Sarcelles, où il a grandi, l’ailier-droit a toujours voulu porter les couleurs de l’Algérie, dont ses parents sont originaires. Un choix qu’il assume pleinement, comme il l’avait encore montré il y a quelques années au détour d’une interview :
Je me souviens avoir fait un jour une déclaration qui avait mis en colère les Français… J’aime la France, et ma mère vit ici en France, mais mon cœur est algérien. Personne ne peut changer cela. Et tout le monde doit respecter ce choix.
Et à ceux qui disent que ce type de décision est parfois motivé par un niveau trop faible rejoindre l’équipe de France, son coéquipier chez les Fennecs et ami Nabil Bentaleb coupe court :
Ce n’est pas parce qu’on ne m’a pas appelé en sélection de France que j’ai choisi l’Algérie. Arrêtons de dire ça. Prenez le cas de Mahrez. S’il n’avait pas choisi l’Algérie, n’allez pas me dire qu’il n’aurait pas été appelé en équipe de France, après tout ce qu’il fait.
La critique de Riyad Mahrez sur le système français
Mais bien qu’il ait de toute façon décidé de privilégier l’Algérie, Mahrez a aussi été chiffonné par la mentalité française, qui priorisait alors les grands joueurs athlétiques. D’ailleurs, il lui a souvent été répété que son gabarit frêle l’empêcherait d’atteindre le plus haut niveau – un présage qu’il a évidemment fait mentir.
En France, en effet, les plus petits gabarits n’ont pas eu le vent en poupe dans les années 2000. L’exemple le plus marquant reste le cas d’Antoine Griezmann, retenu par aucun club français, et obligé d’aller en Espagne poursuivre sa formation. Alors dans une interview accordée à « La Gazette du Fennec » en 2016, Mahrez n’avait pas retenu ses coups :
En France avant ils aimaient les grands, costauds, qui courent vite. Ça veut dire quoi ça ? Et les autres, on en fait quoi ? Quand ils ont vu l’Espagne et le Barça tout gagner, ils ont commencé à changer d’avis, à prendre conscience qu’on pouvait jouer au football de façon différente. Et là, les mentalités françaises ont un peu évolué. Les gars ont commencé à faire des conservations de ballon à l’entraînement, beaucoup de jeux réduits…
Mais il y a encore peu de temps, ce n’était pas ça en France. Ils ne peuvent pas me carotte, je connais le système… (rires)
La France a-t-elle perdu de potentiels grands talents en se concentrant trop sur le physique au détriment des qualités de footballeurs ? C’est possible. En tout cas, Riyad Mahrez n’aurait malgré tout pas porté le maillot bleu, lui qui avait décidé de très jeune de représenter l’Algérie. Une décision dont il ne se cache pas, ce qui est tout à son honneur.