Né au Ghana mais joueur en Bleu, Marcel Desailly très honnête : « L’Afrique ? Je ne…

Marcel Desailly évoque la France et le Ghana
beIN Sports (DR)

Par Mathieu S. | Rédacteur sport

Alors que la question de la bi-nationalité dans le football s’est beaucoup posée ces dernières années, Marcel Desailly, lui, a disputé l’intégralité de sa carrière sous le maillot de l’équipe de France. Un sujet qui peut être épineux, et que le célèbre défenseur a tenu à éclaircir auprès de Ghanéens qui pourraient lui en vouloir de ce choix.

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Avec 116 sélections au compteur, Marcel Desailly a inscrit son nom parmi les plus grands défenseurs de l’histoire du football français. Pourtant, c’est bien à Accra, au Ghana, que le grand ami de Didier Deschamps est né, et il aurait donc pu être éligible à défendre les couleurs de son pays natal s’il l’avait souhaité. Alors pourquoi ne l’a-t-il pas fait ?

Pourquoi Marcel Desailly a joué pour la France et pas le Ghana

Interrogé par un média ghanéen sur le sujet, l’ancien défenseur de Chelsea a expliqué que la question ne s’est en fait pas vraiment posée, lui qui a très vite été dans le « système français » :

Vous savez, dans les années 80, j’ai quitté le Ghana, j’avais 4 ans. J’ai donc rejoint la France et je suis entré lentement dans le football. Je n’avais pas vraiment le choix, j’étais dans le système et chez les moins de 13 ans, je jouais déjà pour l’équipe nationale de France. Je n’avais donc pas vraiment le choix, j’étais déjà dans le système.

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Pour autant, pas question pour Desailly, comme Patrick Vieira d’ailleurs, de renier ses origines africaines :

C’est étrange quand vous dites que j’ai remporté la Coupe du Monde avec la France. Les gens m’identifient tout de suite à un européen, mais je suis Ghanéen. Mes deux parents sont Ghanéens.



Cette proximité avec la terre de ses ancêtres, Desailly la cultive depuis la fin des années 1980. C’est en effet lors d’un voyage à Accra, alors qu’il avait une vingtaine d’années, que tout a basculé pour lui :

Je n’oublierai jamais cette journée… Il faut remettre les choses dans leur contexte, je débarquais de Nantes, où je vivais dans un cocon. L’Afrique ? Je ne connaissais presque rien. La découverte de mes origines, des membres de ma famille et notamment de ma grand-mère, une femme courageuse délaissée par mon père, m’a énormément touché.

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70, 75 ans, quel âge avait-elle ? Je n’en savais rien. Je la revois encore avec son front coiffé d’un foulard, son sourire un peu désabusé. Elle marche en traînant les pieds, le dos voûté… Elle me semblait si fragile et si forte à la fois. J’ai ressenti comme un coup de foudre amoureux ou plutôt un choc émotionnel. Ma grand-mère incarne ma part d’Afrique. Je m’en voulais de ne pas être revenu plus tôt au Ghana, de ne pas avoir aidé cette dame merveilleuse.

Bouleversé par cette expérience forte pour lui, Desailly assure en être revenu changé à tout jamais :

Ça aussi changé mon mode de raisonnement. Rentré en France, je me suis posé tout un tas de questions. J’ai eu envie de revenir à des choses basiques. D’un seul coup, j’ai trouvé ma façon de vivre poussée à l’extrême. Quand mes enfants me disaient plus tard : « Tu m’achètes ceci », je faisais les gros yeux. J’avais envie de leur répondre : « Savez-vous dans quelles conditions a vécu votre arrière-grand-mère ? »

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Alors qu’aujourd’hui, les joueurs profitent d’un niveau plus élevé en Afrique et d’une plus grande liberté pour choisir parfois le pays de leurs ancêtres (Amine Gouiri, Houssem Aouar…), il fut un temps où jouer pour la France était quasiment automatique pour les binationaux. Marcel Desailly illustre cette période, lui qui reconnaît ne même pas s’être vraiment posé la question.

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