Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Dans l’histoire du football, rares sont ceux qui peuvent se targuer d’avoir à la fois été coéquipiers de Michel Platini et de Zinédine Zidane. Luis Fernandez est l’un de ces joueurs, et il est donc tout particulièrement bien placé pour, éventuellement, désigner une préférence. Ce qu’il a fini par faire non sans mal, et par un argument qui ne clôturera pas tous les débats… Loin de là.
Arrivé en équipe de France quelques mois après le traumatisme de Séville en juillet 1982, Luis Fernandez a rapidement su s’imposer comme le quatrième larron du « carré magique » aux côtés de Michel Platini, Alain Giresse et Jean Tigana. Un peu plus jeune que ses trois compères, l’Espagnol d’origine a poursuivi l’aventure plus longtemps qu’eux, ce qui lui a permis de voir de nouvelles têtes. Dont une en particulier.
Au début des années 1990, en effet, Fernandez achevait sa carrière de joueur du côté de Cannes lorsqu’il a vu débarquer un certain Zinédine Zidane. Rapidement, le vétéran a pris le jeunot timide sous son aile, contribuant à son adaptation au monde professionnel. Une manière de boucler la boucle sans le savoir encore pour Fernandez, qui a donc côtoyé les deux plus grands joueurs de l’histoire du foot français.
Luis Fernandez donne un avantage à Zidane sur Platini
Malgré tout, c’est avec Platini que le milieu de terrain a passé le plus du temps. Alors au détour d’une interview accordée à « So Foot », l’ancien joueur et entraîneur du PSG avait littéralement encensé « Platoche », qu’il n’a d’ailleurs jamais, jamais critiqué en 40 ans :
J’ai toujours aimé être à ses côtés. Une fois, lors d’une réunion, il a défendu avec conviction l’intérêt de ses coéquipiers. Il n’était pas juste un leader technique, il a toujours été dans le partage. C’est un peu comme l’Argentine avec ou sans Maradona, avec ou sans Messi, le Brésil avec ou sans Pelé quoi.
Son Euro 1984 ? Michel était en feu pendant toute la compétition, et la victoire porte évidemment son empreinte. Je ne sais pas s’il gardera le record de buts, j’espère que si parce que ce record est aussi collectif, mais il faut noter qu’il en a marqué neuf en cinq matchs. Aujourd’hui, si tu vas en finale, tu joues sept matchs, donc t’as plus de chances d’y arriver, et pourtant personne ne l’a approché.
Alors au moment de choisir, si tant est que ce soit possible, Fernandez a-t-il le coeur qui penche plutôt pour « Platoche » ou « Zizou » ? En marge d’une émission de RMC en 2014, le natif de Tarifa s’en était remis à un juge de paix comme un autre : les finales de Coupe du Monde, que Platini n’a jamais disputées.
Quand tu as marqué le foot comme Cruyff, Pelé ou Maradona, c’est normal. Zizou est dans les cinq plus grands de l’histoire, il a laissé son empreinte, et de génération en génération on se le rappellera. Il a une vraie aura sur le monde du foot, et c’est quelqu’un de bien, il est abordable et remarquable sur le plan humain.
En France il y a eu deux joueurs d’exception, Platini et Zidane… Mais Zizou a marqué deux buts en finale de Coupe du Monde (3 en fait avec celui en 2006, ndlr).
Bientôt 20 ans après la retraite de Zinédine Zidane, le débat entourant Michel Platini et lui reste bouillant, avec pratiquement autant de partisans d’un côté que de l’autre. Et si Luis Fernandez a fini par trouver un argument pour tenter de les départager, la solution la plus simple et la plus juste consiste sûrement à ne pas chercher à classer ces deux génies, mais à simplement se réjouir de les avoir vus incarner si magnifiquement le football français.