Par Pierre-Andréa Fraile | Journaliste sportif
Remplaçant durant la totalité de la Coupe du monde 1998 ou presque, Frank Lebœuf a néanmoins eu la chance d’en disputer la finale en tant que titulaire. Un rôle inattendu qui ne l’a pas angoissé outre-mesure, comme il l’a révélé de façon surprenante.
Peut-être aurait-il connu un sort différent s’il avait évolué dans une autre ère. Cadre de la défense de Chelsea entre 1996 et 2001, Frank Lebœuf ne s’est en revanche jamais installé dans celle de l’équipe de France. La faute à la concurrence qui faisait rage dans l’axe central, où Marcel Desailly et Laurent Blanc lui étaient souvent préférés. Y compris lors de la Coupe du Monde 1998, durant laquelle il a toutefois pu se distinguer.
Le programme lunaire de Frank Lebœuf à la veille de France-Brésil 98
Utilisé à seulement trois reprises par Aimé Jacquet pendant la compétition, Frank Lebœuf en a néanmoins disputé le match le plus important, à savoir la finale. Désigné titulaire suite à la suspension de Laurent Blanc, il aurait pu appréhender le fait de devoir contenir une attaque menée par le grand Ronaldo. Dans l’émission « Le Vestiaire » de RMC Sport, il raconte cependant avoir vécu le scénario inverse la veille au soir :
Frank Lebœuf : La veille de la finale de la Coupe du monde 1998, je me suis couché vers 00h30/1h. À l’époque, je fumais donc j’ai même fumé une clope. Je regardais la télévision.
La preuve d’une relative décontraction, dont les signes peuvent en revanche étonner pour un joueur de très haut niveau.
N’allez cependant pas croire que Lebœuf était le seul membre des Bleus à fumer. Selon son propre aveu, Emmanuel Petit n’était lui non plus pas en reste sur ce point :
Emmanuel Petit : Il nous arrivait régulièrement de refaire le monde le soir en nous bourrant la gueule avec une bonne bouteille de vin et Fabien Barthez. On remplissait des cendriers entiers. Nous fumions aussi au bar. Le coach tolérait ce petit travers pendant la Coupe du monde 1998.
Il faut croire que cette drôle de recette, encore d’actualité de nos jours dans le football mais beaucoup plus mal perçue, avait ses bienfaits. Demandez plutôt à Lebœuf, qui s’est même surpris en effectuant un gros somme le jour du match :
Frank Lebœuf : Même l’après-midi, j’ai dormi deux heures. Je n’avais jamais fait une sieste comme ça ! Je ne pensais pas pouvoir faire une sieste avant une finale de Coupe de monde, je pensais être super stressé. J’avais 30 ans, j’avais peut-être la maturité pour ça.
Force est quoi qu’il en soit de constater que cette préparation peu recommandable a porté ses fruits. Le défenseur tricolore a en effet déjoué toutes les offensives brésiliennes et contribué au premier sacre mondial de l’équipe de France.
Titulaire surprise pour la finale de la Coupe du monde 1998, Frank Lebœuf s’est presque inquiété de ne ressentir aucun stress à l’approche de la rencontre. Tant et si bien qu’il s’est permis de fumer quelques cigarettes ainsi qu’une longue sieste, avec succès.