Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Coach légendaire du football français, Guy Roux a traversé les décennies en s’adaptant aux différentes générations de joueurs. Connu pour son incursion légendaire dans le quotidien de ces derniers, au point d’envoyer des « espions » en boîte de nuit les veilles de match, le célèbre entraîneur influait également sur la vie intime de ses troupes. Avec une drôle de règle…
Ah, les parties de jambes en l’air des sportifs de haut niveau. Faut-il, comme Ronaldinho, Samuel Eto’o et tant d’autres, se relaxer en charmante compagnie avant un match, ou plutôt l’éviter de peur de perdre en agressivité ? Jean-Pierre Paclet, médecin de l’équipe de France entre 1993 et 2008, n’a lui-même pas la réponse. Il expliquait ainsi au micro d’Europe 1 :
Personne n’a de réponse scientifique et véritable sur ce sujet. Le problème, c’est que les sexologues n’y connaissent rien en sport de haut niveau, et que les médecins du sport ne sont pas sexologues. Ce qui est sûr, c’est qu’il y a une décharge de testostérone. Mais chaque individu a un comportement différent par rapport à une performance. Du coup, c’est une question difficile à envisager de manière collective, et plutôt à envisager de manière individuelle.
La demande de Guy Roux à ses joueurs dans leur vie intime
Guy Roux, lui, a tout vu ou presque en 50 ans de carrière. L’emblématique coach de l’AJ Auxerre sait que les besoins physiques des joueurs sont importants, et il estime qu’il revient aux dirigeants de gérer le problème sur les grandes compétitions :
À chaque Coupe du Monde et chaque Euro, on évoque ce problème. Vous avez plus de 550 jeunes hommes de 20 à 35 ans rassemblés pendant une même compétition, la question se pose forcément. Les sélectionneurs et les présidents de fédération intelligents ouvrent des fenêtres pour les épouses et les compagnes.
Mais dans son quotidien, pendant ses 44 ans années à la tête de l’AJA, avait-il de la poigne sur le sujet ? La réponse est oui ! Une règle tacite assez étonnante avait été mise en place par le tacticien :
Le problème, ce ne sont pas les calories dégagées. On dit que ça vaut de monter trois étages. Non, le problème, c’est l’influx nerveux, la libido, la testostérone. Le sexe, ça diminue la libido et ça diminue le combat.
Je demandais seulement aux joueurs de ne pas faire des performances dans les 72 heures qui précédaient le match. Pas d’abstinence, non, mais une pratique raisonnée. Qu’ils n’essayent pas de battre des records du monde ou même des records de Bourgogne ! Comme dans tout, le risque, c’est l’excès. Est-ce qu’une tartine de beurre, c’est contraire au football ? Non. Mais dix tartines de beurre chaque jour, oui !
Et Jean-Pierre Paclet de conclure, très sérieusement, avec d’autres recommandations :
L’idéal, c’est de ne pas trop abuser juste avant un match, pour ne pas épuiser ses réserves. Et le mieux, c’est de faire l’amour avec sa partenaire habituelle, pour ne pas avoir envie de faire un exploit et d’impressionner une jeune fille de passage.
Après plusieurs décennies à être tourné et retourné dans tous les sens, le débat de la sexualité des joueurs à l’approche d’un match n’a toujours pas été tranché. Guy Roux, lui, avait trouvé un entre-deux assez juste, en demandant de la précaution sans pour autant prôner un bannissement. Et vu les résultats obtenus par l’octogénaire, on peut penser qu’il n’avait pas tort !