Par Joël Pütz | Journaliste sportif
Recordman de France sur le 100m, Jimmy Vicaut a souvent croisé le fer avec Usain Bolt au cours de sa carrière. L’effet d’émerveillement suscité par le Jamaïcain avait cependant rapidement fini par s’estomper, comme le Tricolore l’affirmait en 2015.
Malheureusement pour lui, il n’est jamais vraiment parvenu à briller sur les plus grandes scènes internationales. Que ce soit aux championnats du Monde ou aux Jeux Olympiques, Jimmy Vicaut a toujours échoué à monter sur le podium en individuel, se contentant seulement de médailles en relais dont une en bronze à Londres en 2012.
Jimmy Vicaut à coeur ouvert sur l’ambiance dans les chambres d’appel
Pour autant, on parle tout de même d’un ancien recordman d’Europe et du seul Français à être jamais descendu sous 9.90 secondes au 100m, la discipline reine. Autant dire que l’intéressé en a connu des grands rendez-vous durant sa carrière, ce qui en fait un interlocuteur privilégié pour parler des coulisses. En 2015, il s’était notamment exprimé sur la guerre psychologique dans les chambres d’appel auprès de 20 Minutes :
Je reste dans ma routine, ça m’arrive même de continuer mon échauffement. Je fais des montées de genoux, des talons-fesses, histoire de poursuivre au maximum ma préparation. Je n’ai jamais essayé de mettre la pression aux autres en leur jetant des regards durs. Je n’y crois pas, la plupart s’en fiche complètement. Il y a beaucoup d’intox. Tu vois certains, ils font les crâneurs.
Honnêtement, ça ne me fait ni chaud ni froid. Avec les années et l’expérience, tu apprends à prendre ça différemment, tu as une meilleure approche du championnat. Là, je me pose et j’attends, assis, que le temps passe jusqu’à la course. J’aimerais bien avoir de la musique dans les oreilles mais ça n’est pas possible car les casques sont interdits en chambre d’appel.
L’occasion aussi pour lui d’évoquer certains comportements un peu « spéciaux », notamment du côté des gros noms de chez Team USA qui aimaient faire le show :
Il y a juste le côté « regardez, on est là » chez certains sprinteurs. Les Américains qui roulent des mécaniques ? C’est un cliché mais ça fait partie de la personnalité de certains.
Et Usain Bolt alors, l’homme qui écrasait littéralement la concurrence à cette époque ? Là encore, Vicaut ne prenait pas de gants pour exprimer son ressenti envers la star :
A Daegu (en 2011), ça m’avait fait bizarre de le voir. C’est impressionnant. Tu te dis, « ça y est, je cours avec le patron », l’homme que tu vois à la télévision et qui bat des records. Maintenant, ça ne me fait plus rien de voir Bolt. C’est « bof », sans plus.
Ne pas se laisser déconcentrer par l’attitude de ses adversaires en chambre d’appel est souvent primordial avant une course. Heureusement pour lui, Jimmy Vicaut expliquait se montrer plutôt imperméable vis-à-vis de toutes ces mises en scène.