Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Si certains joueurs n’ont pu croiser Zinédine Zidane qu’à quelques reprises sur les terrains, Willy Sagnol, lui, l’a beaucoup côtoyé à la fois en tant qu’adversaire en club, et tant que coéquipier en sélection. De fait, l’avis de l’ancien latéral droit, connu pour son franc-parler, est forcément à écouter d’une oreille attentive. On fait le point.
Leur plus grand moment, et aussi le plus douloureux, restera celui survenu en prolongation de la finale de la Coupe du Monde 2006. Quelques minutes avant le coup de tête fatidique, Willy Sagnol avait déposé un centre au cordeau sur la tête de Zinédine Zidane. Sans Gianluigi Buffon, les Bleus auraient été champions du monde, et Zizou aurait signé deux doublés en finales de Mondial. Il n’en fut rien.
Le coup de chapeau de Willy Sagnol à Zinédine Zidane
Outre cet épisode forcément marquant, l’ex-Munichois et l’ancien Madrilène se connaissent bien. Très bien, même. Réputé pour sa franchise, Sagnol a d’ailleurs profité d’une interview accordée à GQ pour livrer une analyse du maestro, avec une évidence : leur vision du football était similaire.
Disons que ce qui faisait sa force c’était son caractère par rapport aux autres sur le terrain. Il avait aussi envie de faire briller les autres. Ce qui est une différence notable avec les quelques grands joueurs avec qui j’ai joués. Prenons la situation que beaucoup d’attaquants ont : seul face au gardien, un collègue à votre gauche, vous faites la passe ou vous tentez de marquer ?
Lui, car il savait que la passe garantissait le but, faisait la passe. Aujourd’hui les grands joueurs ne font plus les passes. Parce que les statistiques ont pris de l’importance. Quand Zidane faisait des passes à ses coéquipiers, c’était toujours une belle passe, pas « je m’en foutiste », il s’appliquait pour mettre son partenaire dans les meilleures conditions. C’était génial de jouer avec lui.
Très marqué par les moments passés sur le terrain auprès de Zizou, Sagnol, parfois avare en compliments, n’a pas hésité à l’adouber comme le meilleur coéquipier de sa carrière :
Il est clairement le plus grand joueur avec qui j’ai joué. Après, quand on jouait l’un contre l’autre, lors des Bayern Munich-Real Madrid, je lui disais que ça serait bien s’il allait de l’autre côté… où il y avait Lizarazu ! En fait, j’étais incapable de mettre un coup à Zidane. Non pas que je mettais des coups aux autres, mais je m’engageais à 100%. Avec lui, c’était différent.
J’ai des souvenirs où j’avais la sensation qu’il n’essayait pas de me dribbler et, comme je le connais bien, je sais qu’il y a des situations où il aurait pu essayer de me dribbler et il ne l’a pas fait. Il faisait contrôle orienté et donnait le ballon sur le côté. Peut-être que même lui ne voulait pas créer de situations embêtantes. Car nous étions assez proches humainement lorsque nous jouions ensemble.
Et 2006, alors ? Toujours cash, le Stéphanois n’a pas caché en avoir beaucoup voulu à Zidane. Avant que leur relation reprenne son cours :
Tu rentres dans le vestiaire, t’as perdu, t’as un mec qui s’excuse. Mais tu ne l’entends pas ! T’es dans ta déception. Je n’ai pas envie d’accepter ses excuses, ni de discuter avec lui. Ça a laissé des traces. On ne s’est pas parlé pendant presque deux ans. En 2008, je me suis marié, et c’est ma femme qui m’a dit de le faire venir. Je l’ai rappelé. Il m’a fait le plaisir de venir en fin de matinée. On a pris un apéritif ensemble. On a bien discuté, puis la vie est repartie.
Comme la plupart des joueurs qui ont eu la chance de côtoyer Zinédine Zidane, à la fois dans leur propre équipe ou parmi les adversaires, Willy Sagnol est un grand admirateur du Ballon d’Or 1998 – et même le fiasco de la fin de Mondial 2006 n’y changera rien. En tout cas, on ne peut que se réjouir que ces deux joueurs majeurs des Bleus soient aujourd’hui en bons termes.