Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
S’il a débuté à Saint-Etienne et a éclos à Monaco, c’est bel et bien au Bayern Munich que Willy Sagnol a vécu les plus belles années de sa carrière. Alors quels enseignements a-t-il tiré de la vie en Allemagne après une petite décennie au pays de Bach et Gutenberg ? Il a répondu à cette question avec sa franchise habituelle.
Pour un jeune garçon qui a grandi à Montfaucon-en-Velay sans même avoir l’ambition de devenir joueur professionnel, Willy Sagnol peut être sacrément fier de son parcours. Latéral droit de référence en Europe dans les années 2000 (il a été sollicité par la plupart des top clubs), l’actuel coach de la Géorgie aurait même pu gagner une Coupe du Monde en 2006 avec les Bleus. En vain.
Ce sont donc ses 8 années passées au Bayern Munich qui constituent la période la plus marquante de la carrière de Sagnol. Là-bas, il a tout gagné, du respect des supporters aux trophées les plus prestigieux. Il a également découvert une autre dimension, ainsi qu’un pays qui fonctionne différemment de la France. Et cela à plusieurs égards.
Willy Sagnol pointe les différences entre France et Allemagne
Dans un entretien accordé à GQ il y a quelques années, le quinquagénaire avait ainsi dévoilé une différence méconnue entre la France et l’Allemagne : même après avoir quitté le Bayern suite à sa courte expérience comme coach en 2017, il a continué à être payé. En France, ça n’aurait pas été le cas :
En Allemagne, il n’y a pas de rupture conventionnelle. On vous paye tous les mois jusqu’à la fin de votre contrat. Il me reste encore quelques mois. Je peux travailler ailleurs si j’envoie une lettre pour mettre fin au contrat. À Bordeaux, nous avions fait une rupture conventionnelle pour mon départ.
Il ne s’agit pas de la seule spécificité allemande qui a sauté aux yeux de Sagnol par rapport à l’Hexagone. D’après lui, la culture du football est bien plus forte et répandue outre-Rhin :
On est beaucoup moins un pays de foot que les Italiens, Espagnols, Anglais, Allemands… Ils sont passionnés. Il n’y a qu’à voir l’évolution du nombre d’abonnés ou de sympathisants au PSG. Les résultats ont amené les gens. Dans les autres pays, les gens sont là même quand les résultats sont moins bons. Les deux seuls clubs capables en France de connaître des années de disette et de conserver leur base de supporters, c’est Saint-Étienne et Lens.
Enfin, l’homme aux 58 sélections sous le maillot bleu n’a pas échappé à une question sur la légendaire rigueur allemande. Alors réalité, ou mythe qui se transmet depuis plusieurs décennies ? Sa réponse est éclairante :
Non, non, ce n’est pas une légende, et ce n’est pas que dans le foot. Du lundi au vendredi, c’est très sérieux. Je suis passé de Monaco au Bayern… Cela m’a surpris ! Au bout de presque 10 ans en Allemagne, j’ai un peu saturé. Parfois on se dit que des petites surprises, c’est bien aussi. Il n’y en avait que très rarement à Munich. Tout était réglé comme du papier à musique tous les jours, tous les jours, tous les jours…
Nous avons néanmoins une force qu’ils n’ont pas en Allemagne : ce sont des machines bien réglées, bien huilées, mais s’il y a un caillou sur le chemin, tout le train va dérailler. En France, un caillou, on sait comment le contourner, on s’adapte, on pratique le système D.
S’il reste évidemment Français avant tout, Willy Sagnol porte généralement un regard plus critique sur le football et la mentalité tricolores que sur l’Allemagne. Adopté par ce pays, dont il parle aujourd’hui très bien la langue, l’ancien arrière droit en retient la discipline, la rigueur et la droiture. Des valeurs chères à son coeur, et qu’il essaie d’inculquer aux équipes qu’il coache.