Par Joël Pütz | Journaliste sportif
Si la NBA se veut aujourd’hui ouverte d’esprit, cela n’a pas forcément toujours été le cas. Dans les années 80, Hakeem Olajuwon avait dû faire avec un traitement du public qui serait littéralement intolérable de nos jours. Le récit est aussi poignant qu’atroce.
Encore aujourd’hui, nombreux sont ceux à le tenir en très haut estime et certains sont même allés jusqu’à prendre des cours de footwork avec lui. Il a beau être à la retraite depuis plus de deux décennies, Hakeem Olajuwon demeure l’un des plus grand pivots de l’histoire de la NBA et il sera particulièrement difficile de lui retirer ce statut.
Double champion et Défenseur de l’Année dans l’une des décennies les plus relevées de l’histoire dans la raquette, le pivot de Houston a cependant dû batailler pour être respecté et ce dès sa carrière universitaire. En plus d’être noir dans un État du Texas très conservateur, il était alors encore Nigérian. De quoi lui valoir quelques horreurs, comme le racontait Mirin Fader dans un livre sur le Hall of Famer :
Le racisme à peine voilé subi par Hakeem Olajuwon
C’était le Sud profond, avec beaucoup de racisme, surtout pour l’Université de Houston, une équipe entièrement noire. Lors d’un de ses matchs, une pancarte disait : « Cage the Cougars », ce qui montre bien le type de racisme qui régnait au Texas au début des années 80.
Et le traitement abject à son égard ne s’arrêtait pas là, bien au contraire :
Personne n’avait jamais vu un joueur international, et encore moins un Africain. Hakeem a expliqué à l’époque que les gens pensaient qu’il venait de la « jungle ». Les gens pensaient qu’il venait d’un « milieu pauvre », alors que ce n’était pas vrai. Il venait de la classe moyenne. Les gens ne savaient rien de l’Afrique. Il a dû faire face à beaucoup de questions ignorantes.
Sans grande surprise, tout cela a profondément affecté Hakeem à qui il arrivait parfois de craquer en privé, toujours selon Fader :
Parfois, lorsqu’il était seul, il se mettait à l’ombre d’un arbre et pleurait. Il se disait : « Pourquoi suis-je si bizarre ? Pourquoi ne puis-je pas être comme les autres ? »
Fort heureusement, tout cela a fini par disparaître quelque peu une fois qu’il a connu du succès en NCAA, avant d’être drafté en première position par les Rockets. À partir de là, sa domination fut telle que les commentaires racistes envers le big man ont diminué à vitesse grand V… bien qu’ils n’aient jamais totalement disparu.
Hakeem Olajuwon n’était pas seulement un monstre des parquets, il était également doté d’une force mentale à toute épreuve. Il fallait au moins ça pour supporter les remarques racistes tout sauf voilées au début de sa carrière… D’autres auraient craqué.