Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Alors qu’il avait signé à Sotchi sans réellement avoir son mot à dire en 2020, Adil Rami a rapidement vu son expérience russe tourner au cauchemar. Ciblé par de mystérieuses personnes de l’ombre, le défenseur français a en fait vécu la pire période de sa vie, entre paranoïa et inquiétude. Un récit digne d’un film d’espionnage… et pourtant.
Adil Rami a connu deux aventures majeures en Russie, et elles ne peuvent pas être plus diamétralement opposées. En 2018, il a été l’un des 23 héros qui ont ramené la coupe du monde de football à la maison, devenant au passage le héros du vestiaire à défaut de briller sur le terrain. Mais en 2020, en plein confinement, les choses ont mal tourné lors de sa signature à Sotchi. Et c’est un euphémisme.
Adil Rami terrifié par les coups de pression subis en Russie
Après une expérience manquée au Fenerbahce, le natif de Bastia s’est en effet retrouvé dans le club russe, où le staff était à peine au courant de son arrivée – « On a été imposés avec Gianelli Imbula », racontait-il à « Oh My Goal ». Mais très vite, le début de la pandémie de Covid a mis fin au championnat, et le club s’est mis en tête de rompre ou sérieusement modifier le contrat de 6 mois paraphé par Rami.
D’abord, les dirigeants ont proposé au Français de diviser son salaire par deux, ce qu’il a refusé catégoriquement. C’est alors qu’a commencé une période faite de pression et menaces subtiles, comme l’a confié Rami dans les colonnes de GQ :
Ils ont essayé de m’intimider, de me faire du mal, de me faire peur. Ils m’ont harcelé jusque chez moi, là j’ai eu peur. Car j’étais seul. Personne ne prouvait m’aider. Ma sœur m’a envoyé des gardes du corps qui étaient 24 heures sur 24 devant chez moi. C’était la première fois de ma vie que j’avais peur comme ça. Ils tapaient chez moi, à mes fenêtres…
L’ancien joueur de l’OM en est convaincu : les Russes, qu’il décrit comme étant « capables de tout », étaient prêts à repousser les limites pour le piéger. Chaque jour ou presque, une nouvelle page du feuilleton venait un peu plus le plonger dans la crainte :
Ils avaient (soi-disant) une vidéo de moi en train de lever la main sur une femme en Russie. J’ai rigolé. Je leur ai dit : « C’est pas grave, s’ils ont ça, qu’ils aillent directement à la police ». Je sais que je ne fais pas ce genre de choses. Je ne lève pas la main sur les femmes. Il y a même eu des filles près de ma résidence, du jour au lendemain. J’ai dit à ma soeur : « C’est bizarre car d’habitude il n’y a pas de jolies filles près de chez moi et là… »
Je suis devenu parano. Pas loin de l’appartement, il y avait une supérette, je te jure qu’un jour j’ai vu un type dans sa voiture en train de me filmer – j’ai la vidéo ! En fait, ils étaient payés par les agents pour voir quand est-ce que je rentrais chez moi et donc me faire signer leur contrat. Ça a duré une semaine. J’ai eu tellement peur…
Conscient que les choses pouvaient rapidement mal tourner s’il attendait davantage, Rami a activé plusieurs contacts en France, a déclenché une cellule de crise avec son équipe légale, et a réussi à rentrer dans l’Hexagone en prétextant devoir aider sa famille. Bien évidemment, il s’est bien gardé de remettre un pied en Russie, et n’a jamais joué un seul match pour Sotchi.
Par un extraordinaire concours de circonstances déclenché par l’épidémie de Covid, Adil Rami s’est retrouvé au coeur d’une situation qui lui a fait craindre pour sa vie. Intimidé comme rarement, le gaillard d’1m90 ne se sentait plus en sécurité chez lui, au point d’envisager un scénario du pire dans lequel il ne retrouverait jamais la France. Sacrée histoire !