Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Alors que ce n’est pas forcément la coutume chez les joueurs européens, contrairement, par exemple à l’Amérique du Sud, Olivier Giroud n’a jamais caché qu’il était un fervent chrétien. Cette foi anime le tricolore au quotidien partout où il va, y compris dans les pays où une autre religion prédomine. Mais lors d’un voyage en Azerbaïdjan, où 97% de la population est musulmane, le meilleur buteur de l’histoire des Bleus a adapté son comportement. Question de respect.
Longtemps raillé, critiqué voire même méprisé, Olivier Giroud a réussi au cours de sa carrière un accomplissement encore plus beau que ses centaines de buts et la dizaine de trophées qu’il a empilés : gagner le respect de tout le monde sur le terrain, et en dehors. Il faut dire que le natif de Chambéry n’a jamais triché, en assumant par exemple sa religion chrétienne. Dans un entretien accordé à La Croix il y a quelques années, il avait d’ailleurs évoqué ce sujet en largeur :
Si je me suis déjà fait chambrer ? On me pose souvent cette question, mais non, pas du tout ! J’ai même parfois parlé de l’islam avec les joueurs musulmans, comme Paul (Pogba), qui s’y est converti. En équipe de France, j’ai déjà donné des exemplaires du Nouveau Testament contenant des témoignages de sportifs chrétiens à Flo Thauvin, qui est croyant, et à Mike Maignan.
Pendant la Coupe du Monde 2014, j’étais aussi allé prier dans une église avec mes coéquipiers Yohan Cabaye et Patrice Evra. Je n’ai pas forcément besoin d’être dans un lieu de culte pour avoir un échange avec le Saint-Esprit. C’est une bonne chose de partager sa foi avec ses frères mais cela s’avère difficile pour moi, car je joue souvent le week-end.
Olivier Giroud soucieux de ne pas offenser les musulmans
S’il porte sa croyance en étendard, Giroud reste aussi profondément respectueux, et notamment vis-à-vis des autres religions. C’est ainsi qu’après avoir marqué un but déterminant lors de la finale d’Europa League 2019 entre Chelsea et Arsenal, il s’est volontairement restreint :
J’exprime ma foi autrement, comme lors de la finale de la Ligue Europa, en mai. Sous mon maillot, je portais un T-shirt « I love Jesus ». Je pensais le montrer si je marquais. Mais le match se déroulait à Bakou, en Azerbaïdjan. Nous étions dans un pays musulman et ce geste pouvait être mal interprété. En revanche, lorsque j’ai marqué, j’ai rendu grâce au Seigneur (il a levé les deux doigts vers le ciel, ndlr).
C’est par ce type de comportements que « Gigi », autrefois critiqué, est devenu apprécié de l’ensemble de la population en tant que joueur et en tant qu’homme. Un juste retour des choses pour celui qui confie n’avoir « jamais douté » de sa foi, et qui travaille au quotidien cette puissance mentale qui lui a permis de surmonter tous les obstacles :
Je n’ai jamais douté de ma foi, non. Peut-être parce que je n’ai pas vécu de drames douloureux dans ma jeunesse qui m’auraient fait rejeter le Seigneur. Je me sens très chanceux. Mon pasteur, Joël, m’a comparé au personnage de la Bible, Joseph (vendu en esclavage par ses frères avant de devenir l’un des hommes les plus puissants d’Égypte), parce que ma carrière a été semée d’embûches. Mais je persiste à croire que certains subissent bien pire que moi. C’est ma force mentale.
Bien dans sa tête et dans son corps, Olivier Giroud est aujourd’hui l’un des rares joueurs européens à assumer à ce point sa religion chrétienne. Mieux, le natif de Chambéry en applique les préceptes de tolérance, notamment vis-à-vis des autres religions, qu’il côtoie dans les vestiaires depuis plus de 15 ans. Et cette anecdote en terre azérie ne fait que confirmer la classe et la hauteur de vue de l’actuel attaquant du Los Angeles FC.