Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Icônes du tennis féminin des années 2000, Amélie Mauresmo et Justine Hénin ont passé des années à nous offrir de grands matchs sur les courts du monde entier. Mais alors que l’entente était bonne entre les deux sportives, un épisode est venu tout chambouler. Et ce dernier a laissé des traces, puisque le pardon ne semble qu’être relatif côté Mauresmo…
Quand Amélie Mauresmo a annoncé sa retraite, Justine Hénin a été l’une des premières à réagir. Rivale de la Française pour l’avoir affronté à 14 reprises sur le circuit WTA (8 victoires pour Hénin, 6 pour Mauresmo), la Belge avait alors déclaré au JDD :
Elle était différente. La plupart des filles jouent toujours au même rythme. Elle, au contraire, apportait de la fraîcheur. C’est pour cela que les gens aimaient la voir jouer, et c’est pour cela aussi que je détestais l’affronter. C’était éprouvant nerveusement, une bataille tactique permanente. Son départ, c’est une perte énorme. Ce n’est pas demain qu’on retrouvera une nouvelle Mauresmo.
Mais malgré ces belles paroles, évidemment sincère, se cache une ombre majeure : l’Open d’Australie 2006.
La rancune d’Amélie Mauresmo envers Justine Hénin
Cette année-là, les deux joueuses s’affrontent en finale au pays des kangourous. Mais alors que Mauresmo mène 6-1, 2-0, Hénin abandonne. La Française y voit une manière de se débiner et de la pleine saveur de son moment de gloire. Bien des années plus tard, elle expliquait sa colère à « L’Équipe » :
Je ne réalise que le lendemain. Et d’un coup, j’ai les boules. Je me dis : « Non mais, attends, elle a fait ça ! Il restait trois, quatre jeux et elle a arrêté ! » Pourtant, elle n’était pas à l’agonie. Franchement, tu ne peux pas faire ça.
Pardonner ? Ça a mis du temps. Tant que je jouais, jamais vraiment. Elle m’avait volé un moment. Et des moments comme celui-là, ils sont rares.
Bilan : aujourd’hui encore, ce n’est pas l’amour fou entre les deux icônes du circuit. Une situation que Justine Hénin a fini par apprivoiser, elle qui a donné sa version suivante de l’histoire pour tenter de se défendre et écarter les accusations :
C’est dommage parce qu’avant, on allait de temps en temps dîner ensemble, on prenait plaisir à partager des entraînements. Depuis cette finale, il y a eu une incompréhension qu’on n’a jamais réussi à régler, même si c’est resté respectueux. Fin 2006, on s’était même croisées en vacances aux Seychelles. À l’évidence, elle a eu du mal à digérer. Moi aussi j’ai eu du mal. Même si j’avais déjà gagné des Grands Chelems, cet Open d’Australie, je ne le voulais pas moins qu’elle. J’avais mis ma santé en péril ce jour-là, j’avais un ulcère et je n’aurais pas dû jouer.
Cela dit, je comprends sa réaction, elle n’a pas eu le plaisir de la balle de match. Elle l’a finalement connu contre moi à Wimbledon (quelques mois plus tard, ndlr) et c’était, je crois, une belle délivrance pour elle. Quand on y repense, c’est bête. Nous en étions arrivées à ne plus nous dire bonjour pour des futilités. Les filles entre elles, c’est parfois une catastrophe !
Si elles se vouent sans aucun doute un véritable respect mutuel, et si les années ont quelque peu apaisé les tensions, Amélie Mauresmo et Justine Hénin resteront toujours impactées par ce fameux épisode de l’Open d’Australie 2006. Ce regrettable incident ne doit toutefois pas éclipser leur superbe rivalité sur les courts, ainsi que leur contribution majeure au tennis féminin dans les années 2000.