Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Joueur incroyable, Thierry Henry n’a pas usurpé sa place parmi les plus grands attaquants de l’histoire. Le tricolore a néanmoins souvent été un joueur incompris et parfois critiqué, notamment en raison de son absence de célébration lorsqu’il marquait un but. Mais au fait, pourquoi cette attitude ? C’est ce qu’il a expliqué avec franchise.
Depuis une trentaine d’années, les célébrations de buts sont devenues prépondérantes dans le football. Loin des deux poings levés traditionnels des années 1960 ou 1970, les joueurs ont peu à peu développé des « signatures » lors de chacune de leurs réalisations – on pense par exemple au fameux « Siu » de Cristiano Ronaldo, au doigt sur la tempe de Marcus Rashford, ou aux bras croisés de Kylian Mbappé.
Finalement, ils ne sont que très peu d’attaquants à ne pas exulter lorsqu’ils ont la chance de marquer un but. Au 21ème siècle, deux noms sortent du lot : Mario Balotelli d’une part, qui avait d’ailleurs expliqué cette approche par le fait que marquer des buts était « (son) métier », et que « le facteur ne célèbre pas quand il met des lettres dans la boîte ». Et d’autre part, un certain Thierry Henry.
Thierry Henry explique pourquoi il refusait de célébrer ses buts
Interrogé par Olivier Dacourt dans le cadre d’une discussion diffusée sur Canal+, Henry a levé le voile sur la raison pour laquelle il ne célébrait quasiment jamais ses réalisations :
Je l’ai expliqué dix mille fois… Je n’étais pas content, parce que j’ai été éduqué par mon père à ce niveau-là.
Viry-Châtillon vs. Sucy-en-Brie. Coup d’envoi : 14 heures. On gagne 6-0, et je mets les six buts. De Viry-Châtillon à Orsay où j’habitais, mon père m’a sorti toutes les erreurs que j’avais faites dans le match. A l’époque, j’avais 12-13 ans et ça m’a conditionné pour la suite.
Il arrivait même que cette obsession devienne troublante, comme l’illustre l’explication qui a suivi de l’ancien attaquant des Gunners :
Parfois, quand je marquais un but, je repensais à aux occasions ratées avant pendant que je courais. Et je me disais : « Comment j’ai raté celui d’avant, alors que je marque celui-là ?! »
Voilà ce qui explique le stoïcisme d’Henry après la grande majorité de ses buts, même s’il lui est parfois arrivé de montrer davantage d’émotions lors de gros matchs. Cette attitude lui a parfois valu des critiques, notamment en équipe de France, où certains lui ont reproché ce qu’ils estimaient être un détachement.
Qu’importe : celui qui a remporté la Premier League 2004 en étant invaincu sous les ordres d’Arsène Wenger n’a jamais changé son approche, ancrée en lui depuis sa plus tendre enfance.
Éduqué « à la dure » par son père depuis ses débuts dans le football étant enfant, Thierry Henry a toujours appris à se concentrer sur le négatif plutôt que sur le positif. De fait, il n’a jamais (ou presque) ressenti le besoin d’exulter en marquant un but, préférant plutôt songer à ce qu’il aurait pu mieux faire. Une mentalité de champion, peut-être excessive, mais qui a contribué à son immense réussite.