Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Après s’être bâti une superbe carrière lors de laquelle il a tout gagné, Zinédine Zidane est parti de la pire des manières : sur un carton rouge, en prolongation de finale de Coupe du Monde, entraînant son équipe dans la défaite. Se pose alors la même question de savoir, depuis bientôt 20 ans, avec quel degré de sévérité juger cet acte. L’ex-cycliste Jérôme Pineau n’a lui pas fait dans la dentelle.
Pendant longtemps, la soirée du 9 juillet 2006 semblait prendre la tournure d’un conte de fées. Zinédine Zidane avait ouvert le score sur une panenka un brin chanceuse, ponctuant ainsi son tournoi de très haut niveau. Puis en quelques minutes, tout a basculé. D’abord, c’est Gianluigi Buffon qui s’est dressé sur le chemin de « Zizou » en prolongation, l’empêchant de marquer le but du titre. Et ensuite…
Ensuite, c’est le fameux coup de tête sur Marco Materazzi. Un moment tristement inoubliable, qui a fait s’écrouler le château de cartes que les Bleus s’étaient bâtis. Depuis, peu de sportifs français ont osé publiquement critiquer Zidane pour ce craquage. Mais Jérôme Pineau, lui, y est allé franco.
Jérôme Pineau ne pardonnera jamais Zinédine Zidane
Invité des « Grandes Gueules du Sport » il y a quelques mois, le cycliste n’a pas caché être tiraillé entre l’admiration qu’il voue à Zizou, et l’immense déception causée par son vilain geste :
Il me reste toujours ça en travers, avec cet amour que j’ai pour Zidane, comme beaucoup de gens, ce dernier match où il prend tout pour lui. C’est là que j’ai toujours une amertume envers ce personnage. Cette image là… Pour moi, dans sa tronche, quand il rentre dans cette finale, il se dit : « C’est mon match, quelque soit l’issue c’est mon match ». Ça commence par la panenka, c’est chaud patate, il peut aussi se louper. C’est un génie, c’est légendaire, mais au final, il a fait ça pour lui.
Et malgré tout le respect qu’il a pour l’ancien numéro 10 des Bleus, jusqu’à ce jour encore, Pineau assure qu’il ne passera jamais l’éponge :
Je ne lui ai pas pardonné. Absolument pas, jamais. Tout le reste quand tu me dis Zidane… J’ai eu la chance de le voir jouer en salle à Limoges j’étais comme un gosse alors que j’avais 35 ans. Pour moi, c’est quelqu’un à qui je ne veux même pas parler parce que c’est au-dessus, c’est un dieu pour moi. Mais sur ce match-là, je ne lui pardonnerai jamais, jamais.
Pour rappel, la plupart des Bleus eux-mêmes ne se sont pas montrés aussi sévères envers « Zizou », s’abstenant de le critiquer publiquement. Ce ne fut toutefois pas le cas de Lilian Thuram, qui, dans un registre similaire à celui de Pineau, avait déclaré :
Il me paraît normal de dire que Zidane s’est trompé. N’importe qui d’entre nous peut faire des erreurs dans la vie, mais je ne suis pas d’accord pour dire, comme certains voudraient le faire croire, qu’il avait raison. Parce qu’il n’avait pas raison. Il s’est trompé.
Les gens qui disent qu’il a eu raison, ne sont jamais retrouvés dans une situation où il est nécessaire de travailler ensemble pour atteindre un objectif extraordinaire. Et, tout à coup, il y en a un qui met en danger et rend quasiment impossible à atteindre cet objectif, pour lequel vous avez travaillé toute votre vie
Comme beaucoup de Français, Jérôme Pineau a été déçu du pétage de plomb de Zinédine Zidane au pire des moments, et des conséquences qui en ont découlé. Faut-il totalement absoudre l’ancien meneur de jeu des Bleus, le comprendre, ou au contraire le condamner ? Chacun se fera son avis sur la question, mais le cycliste assume le sien.