Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
S’il n’a jamais dépassé 1m70 sous la toise, Bixente Lizarazu s’est fait sa place parmi les meilleurs latéraux de l’histoire du football moderne par son talent, certes, mais aussi par sa ténacité et son fort caractère. Du genre rancunier quand il s’estime floué, le grand ami de Zinédine Zidane n’a pas forcément toujours le pardon facile. Et Luis Fernandez, qui l’a froissé et vexé, en sait quelque chose.
De la Coupe du Monde à l’Euro, du championnat d’Allemagne à la Ligue des Champions, Bixente Lizarazu a tout gagné ou presque durant son illustre carrière. Brillamment reconverti en consultant sur TF1 et RTL depuis de longues années, « Liza » est l’un de ces sportifs à la tête bien faite tout en ayant un caractère bien trempé et un redoutable talent – le cocktail idéal.
Conscient qu’il serait parfois pris de haut, à la fois en raison de sa petite taille (1m68) ou parfois d’idées reçues lorsqu’il a signé dans d’autres pays, le Basque s’est toujours fait respecter. En 1999, il avait ainsi frappé la star allemande Lothar Matthaüs lors d’un entraînement du Bayern Munich. Mais outre la violence physique, l’ancien Bordelais sait aussi régler ses comptes avec le verbe.
La mise au point salée de Bixente Lizarazu sur Luis Fernandez
Invité de « L’Équipe du soir » en 2018 pour promouvoir l’un de ses livres, le quinquagénaire avait sévèrement réglé son compte à Fernandez, son entraîneur durant sa seule saison passée à l’Athletic Bilbao en 1996-1997.
Lizarazu avait choisi de partir au bout d’un an, ce qui avait suscité des déclarations houleuses de la part de son coach. Fernandez avait en effet associé le choix de l’arrière-gauche de quitter Bilbao pour le Bayern Munich à un reniement de ses racines basques. Et ça, « Liza » n’avait pas aimé du tout :
Il ne faut pas me faire chier sur ça (ses racines basques, ndlr). Il a eu le tort de me faire chier là-dessus, et je ne lui pardonnerai jamais. Ça, non, je ne le pardonnerai pas.
Tu peux parler de sport, de tout ce tu veux, mais pas de ça. En plus il a dit un truc complètement ridicule, qui est que (selon lui), les Basques m’auraient demandé de ne plus jamais dire que j’étais Basque. C’est complètement absurde et débile comme propos.
Je n’ai vraiment pas aimé. En plus de ça, il est parti au Matra Racing quand il est joueur du PSG, donc la notion de trahison, il ne faut pas dire n’importe quoi.
Très remonté envers Fernandez, Lizarazu avait conclu tout aussi fermement à propos de ce choix de carrière qu’il assume et ne regrette en rien :
Dans le foot, tu décides de partir dans un club ou dans un autre pour certaines raisons. Moi, à Bilbao, je n’étais pas bien parce que d’abord j’avais une pubalgie, et ensuite parce que je sentais que j’étais dans une impasse là-bas. J’ai pris la décision de partir au Bayern, et ça a été la meilleure de ma carrière sportive. Donc voilà : il y a des moments où il faut fermer sa gueule, et Luis ne l’a pas fait.
Bixente Lizarazu a du tempérament, et sa loyauté en amitié est égale à son ressenti s’il considère avoir été trahi. En l’occurrence, les ponts sont coupés avec Luis Fernandez, qui a pourtant fait partie de l’équipe de France de 1984 et 1986 adorée par le champion du monde 1998. Mais les sorties médiatiques hasardeuse de l’ancien membre du « Carré Magique » ont mis un stop visiblement définitif à leur relation.