Par Joël Pütz | Journaliste sportif
Encore une fois, l’athlétisme français aura été totalement à la ramasse lors des Jeux Olympiques de Paris. Un triste bilan alors que l’édition avait lieu à domicile… Parti aux États-Unis pour s’entraîner, Méba-Mickaël Zézé s’était d’ailleurs montré sans pitié avec la formation des coureurs sur le sol tricolore en évoquant son propre cas.
Le sport français a brillé lors des Jeux Olympiques de Paris : natation, judo, escrime, BMX… en revanche, les fans de l’Hexagone ont connu une nouvelle grosse désillusion en athlétisme. Seulement une médaille à se mettre sous la dent grâce à Cyréna Samba-Mayela (2e du 100m haie), c’est bien trop peu et malheureusement, ça commence à faire un moment que la situation est aussi tendue pour les athlètes tricolores.
En revanche, on ne peut pas dire qu’il n’y ait pas eu des signes avant-coureur. Certains comme Méba-Mickaël Zézé, membre du relai 4x100m (6e en finale), ont ainsi choisi de quitter la France pour s’exporter à l’étranger. Coéquipier de Noah Lyles aux États-Unis, le coureur s’est montré impitoyable envers le système de formation dans son pays d’origine lors d’une interview sur RMC où il a littéralement réglé ses comptes :
Méba-Mickaël Zézé sans pitié avec la formation française
En 2021, je sors des JO. Je décide de partir à l’INSEP, pour être dans un écosystème où je vais pouvoir m’entraîner correctement. Mais on m’a refusé cet accès parce que je ne rentrais pas dans leurs critères. Si la performance n’est pas le premier critère, c’est quoi alors ? C’est l’âge. Une personne capable de perfer tard reste une personne avec du potentiel. Je pense qu’il y a tous ces petits combats qui animent la fédération et qui nous coincent.
Je n’ai pas eu du tout d’aide. J’ai décidé de monter une cagnotte Leetchi pour marquer les esprits, pour montrer que même si j’étais à ce moment-là le meilleur athlète français sur le sprint, il fallait que je me bouge. Mon rêve olympique ne dépend pas de la fédération. J’ai décidé de prendre les rênes et d’avancer. Sans ça, je ne pense pas que je serais allé aux JO. Cette année-là, je l’ai un peu grillé parce que ça m’a pris de l’énergie, mentalement et physiquement.
Un gros coup de gueule soutenu par Renaud Longuèvre, ancien coach de l’EDF :
Le haut niveau c’est que du cousu main et de l’humain. Mickaël c’est un mec qui ne triche pas. C’est un bosseur et un super relayeur. Alors ok il n’avait peut-être pas tous les critères, il était un peu haut dans les critères d’âge. Mais les mecs tirent des tableaux Excel comme ça. Tu fais des dégâts sur l’humain. Tu ne respectes pas forcément l’être humain qui est derrière.
Mais il n’y a pas que Mickaël. Jimmy Vicaut, à un moment, on lui a dit « tu ne t’entraînes pas avant 18h ». Jimmy Vicaut, il a été recordman d’Europe, 9″86. Ce n’est pas possible. Même s’il n’est plus à 9″86 et qu’il est à 10″10, il y a des choses qui s’appellent le respect. C’est ça qu’on a perdu, ce lien humain, cette flexibilité que tu dois avoir dans le très haut niveau.
Au vu du manque de résultats probants, il y a forcément quelque chose qui ne tourne pas rond dans la formation de l’athlétisme en France. Le cas de Méba-Mickaël Zézé l’illustre parfaitement… Reste désormais à en tirer rapidement des enseignements.