Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
S’il a entamé sa carrière d’entraîneur avec des postes à haute visibilité, dont l’équipe de France et le Paris Saint-Germain, Laurent Blanc a poursuivi son chemin bien plus loin du très haut niveau, en signant notamment au Qatar à Al-Rayyan entre 2020 et 2022. Alors quel bilan le champion du monde 1998 a-t-il tiré de cette expérience par rapport à l’Europe ? Il a répondu avec franchise.
« Ce n’est pas un manque d’ambition, c’est une aventure humaine ». Voilà comment Laurent Blanc avait justifié sa signature à Al-Rayyan en 2020, quatre ans après avoir vu son mandat à la tête du Paris Saint-Germain prendre fin. Si l’on ne peut s’empêcher de penser que le volet financier est également rentré en ligne de compte, le tacticien est tout de même resté deux ans au Qatar, avant de revenir brièvement à Lyon, puis de prendre les commandes d’Al-Ittihad en Arabie Saoudite en juillet dernier.
S’il manque encore de recul pour juger son expérience saoudienne, Blanc peut en revanche tirer le bilan de ses années qatariennes. Dans un entretien accordé à L’Équipe en 2021, l’ancien joueur de Manchester United affirmait pour commencer qu’il avait de nouveau pris goût à son métier, dans un tacle à peine voilé au PSG :
J’ai repris du plaisir à travailler, le goût des entraînements et à animer des séances. Je m’amuse plus qu’au PSG. J’ai plus de boulot sur le terrain. Avant, c’était Jean-Louis (Gasset) qui faisait surtout ça. Là, on se partage les groupes avec Franck (Passi, son adjoint). Philippe (Lambert) s’occupe de la préparation physique. Les gars ont vraiment envie d’apprendre.
La différence majeure entre Qatar et Europe selon Laurent Blanc
En revanche, le choc culturel s’est manifesté pour « Le Président » dans l’approche du jeu. Outre le niveau évidemment plus faible, il a constaté que certains joueurs n’étaient même pas professionnels à part entière !
Le niveau n’est pas fameux, il y a parfois des bugs mais on ne peut rien reprocher aux joueurs. J’ai même des semi-pros qui travaillent dans l’armée ou la police.
En Europe, il est évidemment impensable d’imaginer que les joueurs du championnat majeur d’un pays ne soient pas professionnels, grassement payés et entretenus. En Angleterre, par exemple, pays que Blanc connaît bien, le football est professionnel jusqu’à la 4ème division incluse. Au Qatar, même le championnat-fleuron comprend des semi-professionnels…
Pour autant, le quinquagénaire n’a pas vécu cette situation comme un retour en arrière ou un poids dans l’exercice de son métier. Soulignant l’application de ses troupes de l’époque, il expliquait :
C’est discipliné. Il y a des situations cocasses mais je vis à la fois une expérience de vie et professionnelle inédite.
Habitué au très haut niveau européen, Laurent Blanc ne cache pas qu’il a eu quelques surprises à son arrivée au Qatar. Cette expérience loin de ses bases reste pour autant très positive à entendre l’ancien défenseur, qui n’a pas hésité à rempiler au Moyen-Orient, cette fois-ci en Arabie Saoudite. En attendant, peut-être, certains diront « sûrement », un retour en Europe à terme.