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Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Grand nom de la natation française il y a une quinzaine d’années, Alain Bernard n’a pas forcément toujours su confirmer les grands espoirs placés en lui. Mais s’il bénéficie d’une côte de popularité intacte, quel est l’avis de Philippe Lucas sur ce formidable athlète ? Comme toujours, le coach n’a pas fait de réponse de Normand lorsqu’il a été interrogé à ce propos.
Par les résultats qu’il a obtenus, mais aussi par sa personnalité détonante et son franc-parler légendaire, Philippe Lucas s’est taillé une place à part dans la natation française. Toujours aussi actif, puisqu’il ne prévoit aucunement de prendre sa retraite, celui qui aime à répéter ne pas avoir de rêves, mais plutôt des objectifs, continue de vivre avec une seule obsession : faire gagner des courses.
Pour autant, le natif de Melun est conscient que sa voix porte, et que ses avis peuvent parfois faire ou défaire une réputation. Mais fort heureusement pour le milieu français de la natation, Philippe Lucas est du genre juste, et il aime récompenser le travail et la loyauté. Alors forcément, il n’a que de bonnes choses à dire sur Alain Bernard.
Philippe Lucas très positif au sujet d’Alain Bernard
Alors que l’athlète de louper les qualifications aux épreuves individuelles de Londres 2012, quatre ans après la gloire à Pékin, Lucas ne l’avait en rien accablé. Bien au contraire, il l’avait soutenu :
C’est un grand champion, un mec bien. Il faut associer son entraîneur Denis Auguin, quelqu’un de bien. Ils ont fait du super boulot pendant une douzaine d’années. Il ne s’est jamais barré, même dans les moments difficiles. Je voudrais saluer ce couple de la natation qui a toujours été uni et qui a apporté tellement à la natation. Et quand on voit le respect du public pour ce champion, bravo !
Le fait que le célèbre entraîneur insiste sur le fait que le champion olympique ne se soit « jamais barré » est tout sauf anecdotique. Lucas exècre en effet l’absence de loyauté de la part des nageurs, et il ne s’en était pas caché il y a quelques années en racontant une anecdote déterminante à ses yeux :
Je vais vous raconter une petite histoire sur Federica Pellegrini, qui est une grande championne, qui a de la classe, qui a tout pour elle. Pour vous dire sa classe, un jour elle prend l’avion de Vérone à Barcelone, puis elle prend une voiture – il y avait 3 heures de route. Elle mange avec moi, et c’est là qu’elle me dit : « Voilà Philippe, je te remercie pour tout, mais je voudrais voir autre chose maintenant, faire autrement ».
Vous voyez la classe, la nana part de Vérone, passe par Barcelone, et fait 3 heures de voiture pour me dire ça. Les nageurs français ils se barrent, ils disent même pas où ils vont, même pas merci. C’est la différence entre les gens qui ont de la classe et ceux qui n’en ont pas. Et les gens qui ont de la classe c’est ceux qui réussissent. Et puis après, comme je dis souvent, il y a les baltringues.
Au-delà des performances sportives des sportifs, Philippe Lucas estime aussi leur droiture, leur tempérament, et leur manière d’être et de travailler. En la matière, le célèbre coach à la crinière blonde n’a jamais rien eu à reprocher à Alain Bernard, bien au contraire. Il ne fallait donc pas compter sur lui pour enfoncer l’ex-nageur lors de ses périodes plus difficiles. La classe.
