Par Joël Pütz | Journaliste sportif
Michael Jordan était un compétiteur dans l’âme durant sa carrière, il a donc logiquement compté pas mal de rivaux sur les parquets. Aucun d’entre eux cependant ne pouvait égaler l’équipe des Pistons sur lesquels il avait tenu des propos forts en 1992.
Si la domination de Michael Jordan pendant les années 90 est aussi folle, c’est aussi parce qu’elle fut sublimée par les épreuves qu’il a traversées lors de la décennie précédente. Très fort individuellement, il se voyait cependant systématiquement repoussé en playoffs NBA par les Celtics et surtout les Pistons, ces derniers ayant même mis en place les fameuses « Jordan Rules » afin de le neutraliser ainsi que ses Bulls.
Tout cela a cependant pris fin en 1991, quand ces derniers ont sweepé Detroit (pourtant double champion en titre) en finales de conférence avant d’aller chercher leur premier titre. Après ce coup de balai, les joueurs de Chuck Daly avaient défrayé la chronique en refusant de serrer la main à leurs bourreaux. Un comportement qui a profondément marqué Sa Majesté, comme il l’affirmait en 2020 dans le documentaire The Last Dance :
Michael Jordan cash sur sa haine profonde pour les Pistons
Nous leur avons serré la main lorsqu’ils nous ont battus. Nous leur avons témoigné un certain respect pour le jeu. C’est ça l’esprit sportif, même si ça fait mal, et croyez-moi, ça fait mal.
Si Isiah Thomas avait expliqué par la suite que les Pistons voulaient laisser les Bulls célébrer, MJ n’a jamais accepté cette excusé comme il l’expliquait à Playboy en 1992 :
Voilà pourquoi ils ont quitté le terrain. Nous les avons mis dans l’embarras. Les balayer quatre fois, c’était humiliant. Les champions en titre, c’est humiliant. C’était comme si on avait battu le Mal. Isiah Thomas est le président de notre association de joueurs, et pourtant il va orchestrer ce comportement antisportif ? Trois années de suite, je me suis efforcé de leur serrer la main, de leur souhaiter bonne chance et de leur dire de ramener le titre à l’Est.
Clairement, Mike et ses rivaux n’étaient pas près d’enterrer la hache de guerre. Il faut dire que dans le Michigan, certains comme Bill Laimbeer n’avaient aucun problème avec leur attitude après l’élimination contre Chicago. À l’origine de l’attitude antisportive de son escouade, l’ancien pivot s’était montré clair en interview avec SLAM en 2010 :
Non, je n’ai aucun regret. Pendant un an et demi, ils ont dit des choses personnelles sur nous dans les journaux. Pas des choses sur nous en tant que joueurs, mais en tant que personnes, et nous n’allions pas l’oublier ou l’ignorer. Et le temps a montré que nous étions de vrais champions, et ils ne nous ont pas tous traités avec autant de gentillesse.
La rivalité entre Michael Jordan et les Bad Boys de Detroit demeure à ce jour l’une des plus légendaires de l’histoire. Et cette fin de finales de conférence en 1991 résume bien l’animosité entre les deux camps… et qui n’a d’ailleurs pas pris de rides.