Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Milieu de terrain hors-pair et architecte majeur de l’équipe de France championne du monde puis d’Europe en 1998 et 2000, Youri Djorkaeff n’a jamais eu peur de nouveaux défis. Expatrié aux Etats-Unis au milieu des années 2000 alors que ce n’était pas encore la tendance, le « Snake » a découvert une toute autre culture. Une période de sa vie qui a rompu avec ce à quoi il était habitué en France et en Europe, et sur laquelle il est revenu avec franchise.
Passé par la France évidemment, mais aussi par l’Italie, l’Allemagne et l’Angleterre, c’est aux Etats-Unis que Youri Djorkaeff a décidé de finir sa carrière pour la saison 2005-2006. À l’époque, l’homme aux 82 sélections en bleu avait choisi de signer à New York, ce qui était nettement moins commun aujourd’hui. Et tout ça n’était pas un hasard – au contraire.
Youri Djorkaeff sous le charme de Etats-Unis
Loin de la France, où il est né, où il a grandi, et où il a toujours eu ses habitudes et son confort, l’ancien monégasque a aussi vu dans ce voyage un moyen de se déraciner, et de faire ce que ses ancêtres avaient fait avant lui. Dans un entretien accordé à la FIFA, il a ainsi dévoilé le raisonnement derrière sa décision :
J’en garde un souvenir incroyable. Je suis parti à New York en 2005, et à ma grande surprise, j’étais le premier Français à signer en MLS. Pour moi, New York, c’était le rêve qui devenait réalité, car j’avais toujours voulu jouer aux États-Unis et vivre là-bas.
C’était un vrai choix de vie et de carrière, et je n’ai pas été déçu. J’ai aimé la façon dont ma famille et moi-même avons abordé ce voyage. C’était une vraie aventure humaine et personnelle, mais aussi sportive parce que j’étais au milieu de jeunes joueurs talentueux qui me regardaient comme le grand frère et qui attendaient beaucoup de moi.
Traverser l’Atlantique était aussi symbolique car c’était un moyen pour moi de continuer le voyage entamé par mes grands-parents au début du siècle. Eux avaient pris la décision de prendre le bateau pour arriver en France. Ils ont eu raison car on a eu une intégration et une réussite incroyables. J’ai voulu continuer le voyage. Avant de partir à New York, j’ai dit à mes 3 enfants et à ma femme : « Prenez un sac chacun et mettez ce que vous voulez dedans ». On est partis comme ça, avec un seul sac chacun.
C’est donc tout naturellement que Djorkaeff, qui a vécu 12 ans au pays de l’Oncle Sam et qui y dirige sa fondation, sera l’un des ambassadeurs naturels du Mondial 2026 en Amérique du Nord. Il explique :
C’est le bon moment pour les États-Unis, le Canada et le Mexique, le bon moment pour tout le continent nord-américain. Ils sont prêts pour le football. En général, les coupes du monde arrivent comme l’aboutissement d’une volonté politique et sportive, et c’est souvent l’apothéose de cette stratégie ou vision. Là, on a vraiment l’impression que le Mondial 26 sera le point de départ, le commencement de quelque chose.
La finale ? Il y a certes les 75.000 spectateurs qui vont aller au stade à New York, mais il y a surtout les 2 ou 3 millions de gens qui seront à Central Park pendant la finale. Eux aussi vont vivre une expérience incroyable. Pour moi, l’impact d’une finale à New York, c’est bien sûr le stade, la cérémonie, le match lui-même, mais c’est aussi cette fan zone créée à Central Park, qui sera unique au monde.
Grand fan des Etats-Unis, au même titre que Thierry Henry, Hugo Lloris ou encore Olivier Giroud, qui ont tous fini par marcher dans ses pas en fin de carrière, Youri Djorkaeff a vécu le rêve américain, le vrai, en allant assouvir son désir de s’installer de l’autre côté de l’Atlantique. Une expérience déterminante pour le « Snake », qui n’en regrette pas une seule seconde.