Par Pierre-Andréa Fraile | Journaliste sportif
Tandis qu’Arthur Fils continue de s’affirmer sur le circuit, un autre virtuose français, simplement âgé de 15 ans, affole lui aussi les compteurs : Moïse Kouamé. Mais au lieu de céder à l’enthousiasme ambiant, Nicolas Escudé a calmé le jeu au sujet de l’adolescent.
Les fans de tennis français le savent mieux que quiconque : il ne fait pas forcément bon placer trop d’attentes dans de jeunes joueurs encore en apprentissage. L’exemple de Richard Gasquet, promis aux sommets dès ses 9 ans, reste le plus parlant. Cela dit, relayer les récents exploits de Moïse Kouamé, qui n’a fêté ses 15 ans qu’en mars dernier, parait presque inévitable compte tenu de leur aspect historique.
Nicolas Escudé tempère les attentes sur Moïse Kouamé
Après s’être déjà fait remarquer au tournoi juniors de Roland-Garros, Kouamé a encore fait parler de lui ces dernières heures. Sa première victoire chez les pros, face au Kazakh Denis Yevseyev lors des qualifications du Challenger de Brest, a fait de lui le quatrième joueur le plus précoce de l’histoire en la matière. De quoi se faire connaître auprès de nombreux observateurs… mais pas de Nicolas Escudé, qui indique à Eurosport :
Nicolas Escudé : Moïse, je l’ai vu à Poitiers (au Pôle France, ndlr), l’année où je suis arrivé à la tête de la direction technique nationale. Ses qualités physiques, athlétiques et son côté matcheur m’ont frappé. À l’entraînement, ils étaient en train de travailler sur des séquences de points, par moments à thèmes. Tu voyais, dès qu’il perdait un point, qu’il râlait, il y retournait, il se battait dans tous les sens, ça cavalait.
Conscient du potentiel de l’adolescent depuis plusieurs années, Escudé suit dès lors attentivement ses performances et n’a pas échappé aux plus récentes, devenues virales. Cependant, il rappelle qu’une mise en lumière précipitée peut s’avérer néfaste pour un joueur de son âge :
Nicolas Escudé : À 15 ans, il est en avance. Mais on en a eu une flopée, des jeunes joueurs français en avance dans leurs jeunes années.
Il n’est même pas au commencement d’éventuellement quelque chose de grand, donc il va falloir continuer à avancer, à progresser et ne surtout pas s’enflammer. Étant passé par là, on a pu me mettre sur un piédestal quand j’étais junior en me désignant comme la relève. Et j’ai pu, malheureusement, me reposer sur mes lauriers.
J’ai pu me dire, « Bon, vu que tout le monde le pense, ça va forcément arriver. » Ce n’est pas comme ça que ça fonctionne. Alors après, c’est le jeu, sans que ce soit péjoratif, mais le cirque qu’il peut y avoir autour, l’engouement, la presse… Que ce soient les sponsors ou tout ce qui peut englober le joueur de tennis, aussi jeune soit-il, ça se construit. Il faut y aller pas à pas et ne surtout pas griller les étapes.
Témoin des qualités de Moïse Kouamé dès 2021, Nicolas Escudé se reconnaît quelque peu en lui compte tenu de son statut d’ex-enfant prodige du tennis français. Il invite dès lors à ne pas reproduire les mêmes erreurs qu’avec lui et le laisser se développer.