Gilles Simon (39 ans) sans filtre sur la différence entre France et Etats-Unis : « Chez nous…

Gilles Simon évoque la différence entre France et Etats-Unis
FFT (DR)

Par Rédaction | Sport

Retiré du circuit depuis 2022, Gilles Simon reste connu dans le milieu du tennis pour sa grande connaissance de son sport, au point d’avoir été surnommé « Le professeur ». Compétent en plus d’être franc, celui qui a remporté 14 titres en carrière avait entrepris de sortir un livre intitulé « Ce sport qui rend fou » au crépuscule de sa carrière, en 2020. L’occasion pour lui de faire la tournée des médias, et d’insister notamment sur une différence majeur entre France et Etats-Unis.

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Comment faire pour qu’un joueur français gagne un nouveau un tournoi du Grand Chelem en simple, 41 ans après Yannick Noah ? C’est la question à 100 millions de dollars, à laquelle la FFT n’a toujours pas trouvé la réponse. Chacun a pourtant son avis sur la question, à commencer par l’une des voix les plus légitimes en la personne de Gilles Simon, professionnel pendant 20 ans, et qui connaît particulièrement bien le système de l’intérieur.

Dans un entretien accordé à Eurosport en 2020, en marge de la sortie de son livre, le Niçois avait d’abord critiqué le « cadre » trop rigide imposé par la formation française :

Le cadre, ça doit être un outil. Un moyen. Mais quand le cadre devient une idéologie, c’est très dangereux. C’est ce que j’essaie d’expliquer. Sur le papier, on a un truc qui est censé fonctionner. Ce fameux cadre. Et on fonce dedans. Sauf que, pour certains, ça ne marche pas, alors que des choses qui n’étaient pas là sur le papier marchent.

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Gilles Simon déplore la mentalité vis-à-vis de l’ambition en France

Autre souci, peut-être le plus prégnant aux yeux de l’ancien numéro 6 mondial : celui de la différence de mentalité. Et en la matière, Gilles Simon a identifié une grosse différence entre la France et les Etats-Unis :

C’est un problème culturel, sociétal. Le rapport à l’échec ou à la réussite, en France, n’est pas le même que ce qu’il peut être aux Etats-Unis ou dans d’autres pays du monde. Chez nous, tu as l’impression que pour avoir le droit de dire « je veux gagner un Grand Chelem », il faudrait déjà l’avoir gagné.



C’est le serpent qui se mord la queue. La contradiction, c’est que, si tu veux gagner un Grand Chelem, il faut vraiment en avoir la conviction profonde, être sûr que tu as ça en toi. Ce n’est pas possible sinon. Or si tu as cette conviction, pourquoi ne pas avoir le droit de le dire ? Si tu n’oses pas le dire, c’est que tu as un frein. Et chez nous, parce qu’on sait qu’on va en prendre plein la gueule, on a une réticence à afficher ça. Alors on tombe dans la langue de bois.

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Relancé sur le sujet plus loin dans l’interview, « Gillou » avait persisté et signé en rebondissant sur l’exemple d’un de ses homologues tricolores :

Quand Jo-Wilfried Tsonga dit avant l’Open d’Australie 2012 qu’il se fiche pour objectif de devenir numéro 1 mondial, il se fait fracasser. Aux Etats-Unis, un mec, en entendant ça, lui aurait dit « fabuleux, je te donne tant pour te sponsoriser, je crois en toi. » Chez nous, il a le boulard. Gagne ton Grand Chelem et tu pourras l’ouvrir après. Mais est-ce que je peux gagner si je n’ai même pas le droit de simplement énoncer le fait que j’ai envie de gagner un Grand Chelem ?

Encore une fois, en France, la victoire n’est autorisée que quand elle a déjà eu lieu. Au fond, la question que je me pose c’est : quand il en prend plein la gueule parce qu’il a osé dire qu’il voyait grand, quel est l’impact sur un Jo quand il retourne en demi-finale d’un Grand Chelem et qu’il s’approche de cet objectif ? Est-ce qu’il y pense, est-ce que ça le freine, même un peu, même inconsciemment ?

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La France brime-t-elle trop facilement ses champions en confondant confiance en soi et arrogance ? C’est ce que pense Gilles Simon, qui a toutefois pris le soin de souligner que tous les problèmes ne dépendaient pas de cela. Quatre ans après cette interview remarquée, le temps a passé, quelques ajustements ont été réalisés à la FFT, et pourtant, toujours aucun Français n’est en mesure de se hisser parmi les top joueurs mondiaux. Une situation bien regrettable…

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