Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Diminué depuis de nombreuses années déjà, Alain Delon a rendu son dernier souffle le 18 août 2024. Le bout du chemin pour une icône, un mythe, et un monstre sacré du cinéma français, dont la personnalité insaisissable a contribué à sa légende. L’un de ses biographes n’a d’ailleurs pas caché la face sombre de l’éternel rival de Jean-Paul Belmondo…
C’était presque attendu, mais l’on osait y croire. Pourtant, Alain Delon s’en est bien allé. Décédé à 88 ans, le Samouraï a évidemment été salué par l’écrasante majorité du showbiz, et les compliments n’ont cessé d’affluer cette figure incontournable de la culture française. Line Renaud, par exemple, s’est fendue d’une bien belle réaction :
Je suis tellement triste d’apprendre le départ d’Alain… Il était mon ami depuis ses tout débuts… J’ai vu débarquer dans mon salon un garçon de 23 ans à la beauté renversante. Il avait déjà tout pour devenir une star : le regard, la voix, le physique, la puissance, la modernité. pic.twitter.com/lLMcIpCV1y
— Line Renaud (@linerenaud) August 18, 2024
Le biographe d’Alain Delon sans filtre sur sa face cachée
Interrogé par « Le Parisien », Bernard Violet, célèbre biographe notamment connu pour son ouvrage sur Alain Delon, a en revanche choisi de s’attarder davantage sur le côté sombre de l’acteur que sur ses prouesses. Et il a été clair :
C’était un homme de caractère totalement libre. Le cinéma et son ambition démesurée de reconnaissance lui ont probablement permis de ne jamais tomber du mauvais côté. Du moins en apparence…
Il était viscéralement misanthrope. Il aimait les gens qui pouvaient lui servir, quitte à les rétribuer généreusement. Idem pour les femmes. Pour les autres, les médiocres comme il les appelait, il n’avait que mépris. La plupart des gens avaient peur de lui.
Il était reconnu en tant que grand acteur, mais pas forcément aimé, contrairement à Dalida ou Johnny qui aimaient les gens et recevaient de l’amour en retour. Ces deux derniers grands artistes étaient sincères, pas Delon.
Il était un homme d’une grande complexité. Il pouvait tout à la fois se montrer charmant et mal élevé, fragile et vulnérable, à la fois égocentrique et généreux, solitaire et grand seigneur.
Pour rappel, la misanthrope caractérise l’aversion pour le genre humain, et les propos de Violet ne sont pas les seuls de ce type. En 2016, déjà, Bernard Stora, proche collaborateur de Delon, avait dressé le même constat pour « Télé Star » :
Je crois qu’il est devenu misanthrope, car il n’est pas à l’aise dans le monde actuel. Il a décidé de vivre dans le souvenir extraordinaire des rencontres qu’il a faites et des grands qui l’ont dirigé.
Personnage complexe jusqu’au bout, qui avait « honneur » pour mot préféré, Alain Delon s’est en allé en paix, emportant avec lui de nombreux secrets. Le cinéma français pleure en tout cas l’un de ses plus fiers représentants, tandis que la France entière voit l’un des derniers vestiges d’une époque révolue la quitter.