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Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Icône incontestée de la musique française, Johnny Hallyday a parfois eu un rapport conflictuel avec son pays. En 2015, dans un entretien accordé à « Paris Match » dans un cadre intimiste, il s’était d’ailleurs épanché sur le sujet, avec quelques propos peu élogieux envers l’état d’esprit qui, selon lui, anime la population de l’Hexagone. Explications.
Si l’on arrête quiconque dans la rue et qu’on lui demande de citer les trois monuments les plus marquants de la chanson française du dernier demi-siècle, il est impossible ou presque que le nom de Johnny Hallyday ne soit pas mentionné. Monstre sacré aux 100 millions d’albums vendus, le chanteur n’a pas usurpé son surnom de « Taulier », lui qui a su traversé toutes les époques et résister à toutes les tempêtes.
Parmi les tempêtes, on peut citer quelques épisodes compliqués vis-à-vis de la France. Son exil fiscal en Suisse, évidemment, mais aussi plusieurs critiques diverses et variées quant à son train de vie et ses prises de position. Alors au bout d’un moment, en 2015 plus précisément, l’interprète de « Que je t’aime » a décidé de vider son sac.
Le tacle appuyé de Johnny Hallyday aux Français
Au détour d’un entretien donné à « Paris Match », le rocker n’a en effet pas retenu ses coups envers la mentalité des Français, sur laquelle il a tiré à boulets rouges :
Qu’on arrête de réagir à tout ce que je fais ? Ça ne me manquerait pas, en tout cas… Je trouve que les Français s’offusquent pour pas grand-chose. Ils me donnent l’impression qu’ils n’ont pas de vie, à force de s’occuper de celle des autres. C’est terrifiant.
Dans les années 1970, les gens n’étaient pas méprisants face à quelqu’un qui avait de l’argent ou une belle voiture. Récemment, je me suis acheté une Rolls. Si je la conduisais à Paris, je sais que je me la ferais rayer. Je ne comprends pas cette mentalité. Pourquoi y a-t-il plus de jalousie aujourd’hui qu’il y a trente ans ?
S’il n’avait évidemment pas manqué dans cette interview de professer son amour pour son public, tout en glissant qu’il appréciait aussi l’anonymat dont il pouvait profiter aux Etats-Unis, le « Taulier » n’avait pas caché quelques griefs et cicatrices vis-à-vis de la France :
C’est mon pays, je l’aime. Voilà. Je suis sincère, c’est l’un des plus beaux pays du monde, j’y vis la moitié de l’année et, bien évidemment, il y a des choses qui m’agacent. On a toujours dit, par exemple, que j’étais parti aux Etats-Unis pour ne pas payer mes impôts. C’est n’importe quoi ! Quand je fais une tournée en France, je paie mes impôts en France.
Ce qui m’énerve plus que tout, ce sont les gens malveillants qui s’expriment à ma place, souvent pour raconter des conneries. Je ne vais quand même pas réagir à chaque fois…
C’est une relation entre amour et incompréhension que Johnny Hallyday a entretenu avec la France durant toute sa vie ou presque. Pas tendre avec ceux qui l’ont critiqué ou qui lui ont mis des bâtons dans la roue, l’artiste voue en revanche un respect éternel à son public, qu’il n’a jamais manqué de saluer, et cela jusqu’au bout. Une ambivalence assumée, quitte à déplaire comme toujours avec le « Taulier ».
