Par Pierre-Andréa Fraile | Journaliste sportif
S’il ne fait pas totalement l’unanimité en tant que GOAT, Michael Jordan n’en reste pas moins l’un des plus grands joueurs de l’histoire de la NBA. Or, pour un mythique coach européen, il n’aurait pas du tout rencontré le même succès sur le Vieux Continent.
Un simple résumé de son palmarès suffit à justifier sa mention quasiment permanente dans les Top 5 all-time des différents observateurs. Sextuple champion NBA, sextuple MVP des Finales, quintuple MVP, Défenseur de l’Année en 1988, 14 fois All-Star et 10 fois meilleur marqueur de la ligue : Michael Jordan présente à coup sûr l’un des CV les plus étoffés et légendaires de l’histoire de la NBA.
Mais au-delà de ces prestigieuses récompenses, c’est aussi l’impression à part entière de domination laissée par l’icône des Bulls qui plaide en sa faveur dans les débats de ce genre. Les récits d’anciens adversaires intimidés par sa simple aura sont en effet légion et jouent un grand rôle dans l’entretien de cette glorieuse réputation. Cependant, tout cela ne suffit visiblement pas pour convaincre tout le monde.
Michael Jordan « ordinaire » en Europe ? La folle affirmation
Certes titulaire de nombreux détracteurs depuis des décennies, Jordan a en revanche tendance à faire un semblant d’unanimité auprès des acteurs majeurs du basket international. Encore plus durant les années 90 où son hégémonie se révélait sans partage. Et pourtant, le mythique entraîneur serbe Bozidar Maljkovic avait alors livré un tout autre discours à John Salley concernant His Airness, rapporté par Jeff Pearlman :
Salley raconte que dès qu’ils ont fait les présentations, Maljkovic lui a dit que Michael Jordan (avec qui l’ailier fort venait tout juste de remporter le titre) était « un joueur ordinaire » et que « En Europe, il n’aurait tourné qu’à 16 points par match. »
Passé par les Bulls lors de la saison 1995-96, Salley a dès lors sans doute côtoyé l’une des versions les plus redoutables de MJ.
Maljkovic, lui, ne voyait alors en Mike qu’un arrière lambda qui atteindrait à peine les 15 points de moyenne par match en Europe. Un avis surprenant de la part d’un tacticien aussi réputé, encore plus en tenant compte des propos qu’il a pu livrer au média croate Slobodna Dalmacija en 2021 :
Bozidar Maljkovic : Jordan est, sans aucune doute, le meilleur joueur de basket de tous les temps.
Je l’ai vu pour la première fois en 1982, quand il avait joué avec l’université de North Carolina contre l’Étoile Rouge de Belgrade, où j’étais assistant coach. Après le match, j’ai dit à l’un des journalistes que je venais de voir le meilleur joueur du monde et il m’a répondu, « Qui ça, Jordan ? Vous n’avez pas vu des vidéos de Wilt Chamberlain ? » Mais j’ai insisté sur le fait que Jordan était le meilleur, et ça s’est confirmé ensuite.
Véritable légende du basket européen, Bozidar Maljkovic considérait-il vraiment Michael Jordan comme un joueur banal durant son prime ? Chacun tâchera de se fier au témoignage de John Salley, ou bien à celui de l’ancien coach de Limoges.