Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Saga de comédies cultes dans l’humour populaire français, « La 7ème compagnie » a intégré la culture populaire dès sa sortie pour ne plus la quitter. Mais si les téléspectateurs se fendent la poire à chaque rediffusion de l’un des trois volets, Gérard Jugnot, lui, garde un souvenir beaucoup plus mitigé de sa participation au dernier opus. Et il l’a fait savoir.
Ces films sont franchouillards, clichés et parfois grotesques : qu’importe, la saga des « 7ème compagnie » est un véritable classique du cinéma populaire, au point d’être encore rediffusée tous les étés quatre décennies plus tard. De nouvelles générations découvrent ainsi les aventures du sergent-chef Chaudard, flanqué des soldats Pithivier et Tassin, devenus des héros malgré eux et en dépit de leur implication toute relative dans la guerre !
Mais si le public ne se lasse pas de ce « nanard » devenu culte, les acteurs, eux, ont connu pour certains quelques difficultés sur le tournage. Aldo Maccione, interprète originel de Tassin dans le premier opus, a ainsi laissé sa place à Henri Guybet pour les deux autres films en raison à la fois d’une demande financière déraisonnable, et d’un comportement jugé « trop autoritaire » du réalisateur Robert Lamoureux. Et il n’est pas le seul à le penser.
Gérard Jugnot secoué sur le tournage de « La 7ème compagnie »
Un certain Gérard Jugnot, choisi pour interpréter Gaston Gorgeton dans « La 7ème compagnie au clair de lune », n’a pas gardé un souvenir impérissable de ce qui fut l’un de ses premiers rôles significatifs. Encore largement méconnu, l’acolyte de Christian Clavier, Thierry Lhermitte et consorts a goûté de près au style brut de décoffrage de Lamoureux. Et ça ne lui a pas beaucoup plu.
Dans le livre de Philippe Lombard « Ça tourne mal ! L’histoire tumultueuse et méconnue du cinéma français », le membre du Splendid s’était ainsi confié :
Plus Robert me hurle dessus, moins j’assure ma voix. On fait 40 prises, je suis liquide. Henri Guybet m’a rassuré en me disant qu’avant moi, c’était lui qui morflait et que Jean Carmet avait eu droit la semaine précédente à 45 prises.
Dans le milieu du cinéma, la réputation de Lamoureux n’était plus à faire, et ls acteurs savaient qu’ils s’exposaient pour la plupart à ce type de colère. Il n’en reste pas moins que Jugnot, peu expérimenté et travaillant alors principalement au théâtre, a été désarçonné par ce management « à la dure » du réalisateur, à une époque où ce type de comportement était davantage toléré.
Fort heureusement pour lui, celui qui restera l’éternel interprète de Clément Mathieu dans « Les choristes » a mangé son pain noir avec ce rôle, puisqu’il s’agit de sa dernière apparition avant l’accession à la gloire. L’année suivante, « Les Bronzés » sont en effet sortis au cinéma, propulsant sa carrière dans une toute autre dimension, loin des coups de gueule de Robert Lamoureux.
Une longue carrière d’acteur comporte forcément des souvenirs de tournage moins bons que d’autres, et pour Gérard Jugnot, ce passage dans « La 7ème compagnie au clair de lune » rentre malheureusement dans cette catégorie. En tout cas, sa performance était au rendez-vous, ce qui témoigne de son professionnalisme.