Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Avant de se révéler aux yeux du grand public dans les années 1980, Gérard Lanvin a passé une décennie à fréquenter les comédiens en devenir du Tout-Paris, dont Coluche et les membres du Splendid. Si tout ce petit monde a globalement très bien cohabité, l’acteur garde un mauvais souvenir de sa participation à une pièce de théâtre aux côtés de Christian Clavier et consorts. Et pour cause.
Derrière les succès et les millions de spectateurs en salle, il y a toujours ou presque de longues années de travail et de galère. Gérard Lanvin en sait quelque chose, lui qui a écumé les café-théâtres pendant une décennie avant de se faire connaître du métier et du public. D’ailleurs, au milieu des années 1970, il n’était encore que le machiniste et « homme à tout faire » du Splendid. Jusqu’à un moment fatidique.
Gérard Lanvin frustré par l’attitude du Splendid
Dans un entretien accordé à Allociné il y a plusieurs années, Lanvin est en effet revenu sur l’opportunité qu’il a eue de remplacer Thierry Lhermitte dans une pièce à succès du Splendid, qui fut d’ailleurs ensuite adapté au cinéma pour devenir le premier volet des « Bronzés ». À l’origine, tout semblait pourtant aller comme sur des roulettes :
J’ai été son remplaçant sur une pièce de théâtre qui s’appelait « Amours, coquillages et crustacés ». Thierry voulait partir un petit peu avant ses camarades pour bronzer, puisqu’il avait l’emploi du playboy dans la pièce. En cela, c’était plutôt professionnel que mal vu, et j’ai trouvé ça normal comme comportement. Les autres arrivant en vacances (dans la pièce, ndlr), il était normal qu’ils retrouvent des mecs bronzés sur le lieu des vacances.
Si tout va bien jusqu’ici, la situation s’est rapidement dégradée, notamment en raison de l’agacement des membres du Splendid face à la situation. Lanvin explique :
(Thierry Lhermitte) m’a donc gentiment proposé de le remplacer. Les autres (membres du Splendid) n’ont pas apprécié ça, parce qu’il est parti en vacances. Donc déjà on avait une espèce d’amitié bizarre, hein, puisque je répétais tout seul car personne ne voulait venir répéter avec moi. C’est Coluche qui m’a fait répéter mon rôle.
Très consciencieux et appliqué, celui qui a ensuite explosé dans les années 1980 a beaucoup travaillé pour rendre la meilleure partition possible. Il n’aura toutefois pu jouer la pièce qu’à une seule reprise, comme il l’a révélé avec une amertume encore bien vivace dans le fond de la gorge :
J’ai joué exactement une fois. Le temps d’avoir peur, vraiment peur, parce que c’était une pièce qui cartonnait au café-théâtre. Et puis comme ça a marché le soir où je l’ai joué, Thierry est revenu. Donc je l’ai jouée une fois. C’est beaucoup de travail pour une fois…
L’épisode ne semble toutefois pas avoir trop entamé ses relations avec le Splendid, puisque Lanvin a tourné ensuite dans « Marche à l’ombre » avec Michel Blanc, dans « Les frères Pétard » avec Josiane Balasko, ou encore dans « Le prix à payer » avec Christian Clavier. De quoi rassurer tout le monde.
Sans garder une rancoeur incommensurable vis-à-vis de cet épisode, Gérard Lanvin a toutefois bien fait comprendre qu’il n’a pas beaucoup apprécié la manière dont il a été traitée par les membres du Splendid. Un moment dur à encaisser, certes, mais formateur pour le natif de Boulogne-Billancourt, qui a fini par prendre sa revanche en enchaînant les succès quelques années plus tard.