Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Du haut de ses 87 ans, Henri Guybet est l’un des derniers rescapés d’une époque révolue dans le cinéma français. Il faut dire que l’acteur a côtoyé de très grands noms grâce à sa longévité, dont un certain Coluche, qu’il connaît d’autant mieux qu’il a démarré à ses côtés. D’ailleurs, le comportement du célèbre humoriste n’a pas toujours été irréprochable…
Tout le monde ne peut pas être une tête d’affiche au cinéma, et ceux qui le comprennent le plus tôt sont souvent ceux qui se portent le mieux. Un exemple en la matière ? Henri Guybet. S’il n’a jamais porté un grand film sur ses épaules, le natif du 14ème arrondissement de Paris s’est taillé une belle carrière, en signant notamment des rôles cultes dans la saga de la « 7ème compagnie ». Mais c’est au théâtre qu’il a fait ses gammes, autour d’un certain Coluche.
Henri Guybet dévoile comment Coluche « volait » la troupe
À la fin des années 1960, en effet, une bande réunissant également Miou-Miou, Patrick Dewaere et d’autres comédiens en devenir était bien décidée à se faire un nom. Mais si la camaraderie régnait, le comportement de Coluche a pu induire certaines tensions, comme Guybet l’a avoué tout récemment, plusieurs décennies après les faits.
De passage sur le plateau de Jordan de Luxe il y a quelques temps, l’inoubliable interprète de Salomon dans « Les aventures de Rabbi Jacob » expliquait :
Coluche était avec nous. On avait un problème avec lui. C’est que Coluche, il nous volait nos répliques. On s’en est rendus compte après. On ne se rend pas compte sur le moment. Il était en train de devenir le soliste qu’il allait devenir. Donc, il avait besoin de la scène pour lui tout seul. On l’engueulait, il était sage pendant 8 jours, mais c’était plus fort que lui.
Ce qu’il faut comprendre des propos de Guybet, ce n’est pas que l’homme à la salopette volait les trouvailles de sa camarade. En fait, il souhaitait tellement occuper la scène qu’il lui arrivait, avant d’entrer en scène, de prévenir ses homologues qu’il allait faire lui-même certaines de leurs répliques. On comprend évidemment que cette attitude n’ait pas plu en interne…
Pour autant, Guybet n’en tient aucunement rigueur à celui qui était son ami. Il a d’ailleurs ajouté :
Après il y a eu le très grand Coluche. Il était d’une grande générosité. C’était une bête de scène, mais dans la vie, c’était un cœur d’or. J’aurais eu besoin d’argent, j’aurais été voir Michel, il m’aurait tout de suite donné. C’était comme ça.
Des propos qui confirment la réputation de grande générosité de Coluche, parfois même à ses propres dépens. Connu pour donner de grandes fêtes tous les jours dans sa maison parisienne, le fondateur des Restos du Coeur y a laissé des plumes, mais qu’importe. Pour lui, la camaraderie valait tout, pour le meilleur et pour le pire.
Ambitieux et sûr de ses qualités, Coluche a rapidement identifié son besoin d’être seul sur scène, sans personne pour lui faire de l’ombre. Une situation qui a causé quelques tensions compréhensibles, mais qui n’a en rien entamé l’amitié qui liait l’humoriste à ceux avec qui il a fait ses armes. Car pour lui, toujours, l’humain passait avant le reste.